Yassine Benabedrabou : «je ne vois pas passer la journée»

Yassine Benabedrabou a monté sa salle de sport à ÉTAUX. Il répond aux questions des élèves du dispositif relais itinérant*.

Que faisiez-vous avant de monter une salle de sport ?

J’ai toujours voulu travailler dans le milieu sportif, mais une blessure au dos m’a forcé à arrêter le sport durant 10 ans. Durant cette période, j’ai exercé en tant que conseiller principal d’éducation dans différents collèges, dont celui de Cluses ! Je me suis senti limité dans l’éducation nationale. J’ai vu que parfois, pour aider les élèves en décrochage, le sport avait de bons résultats ! Comme dans le pôle Lutte de Fayçal à Cluses. C’est comme ça que j’ai décidé d’ouvrir ma salle.

Comment avez-vous fait ?

Cela m’a pris 3 ans pour monter ce projet ! J’ai commencé par reprendre les études pour obtenir un diplôme. Après une année d’études, j’ai obtenu mon Brevet Professionnel Jeunesse, Éducation Populaire et Sport. La spécialisation que j’ai choisie, de coach sportif, me permet d’enseigner plusieurs disciplines en salle de sport.

Ensuite, pour me faire mon expérience, j’ai travaillé dans différentes structures. Dans l’une des salles où j’ai travaillé, j’ai fait venir 400 nouveaux adhérents, sans que cela change quoi que ce soit à mon salaire ! C’est pour cela que j’ai décidé d’ouvrir ma propre salle !

J’ai commencé à chercher un local et je suis allé à la banque faire un emprunt ! Pour convaincre la banque de me prêter de l’argent, j’ai préparé une étude de marché sur La Roche-sur-Foron et les alentours. J’ai constaté qu’il y avait de la clientèle, un vrai besoin.

Une salle de sport de 600 mètres carrés trouverait tout à fait son public dans ce secteur ! Mais j’ai préféré me lancer dans un projet à taille humaine, une salle plus petite, où les gens se rencontrent et se parlent… Aujourd’hui, parmi ceux qui fréquentent ma salle, j’ai des sportifs de 7 à 86 ans, des mamans avec poussettes, aussi bien que des champions ! La plupart viennent avec un objectif : gagner du poids, perdre du poids, courir plus vite, se défouler, se vider la tête…

Yacine et les élèves du dispositif relais itinérant, lors de l’interview

Quelle est votre journée type ?

Je commence à 8 heures du matin, et je termine à 22 ou 23 heures. Tous les jours, je continue à aménager la salle, dans la journée je donne aussi des cours. Le soir, je ferme à 20 heures, mais je passe encore deux ou trois heures après, à faire du ménage : nettoyer désinfecter pour que tout soit clean à l’ouverture ! C’est ma passion, je ne vois pas passer la journée ! L’avantage, c’est que ma maison est juste à côté !

Est-ce que votre affaire tourne bien ?

Pour le moment, je gagne juste de quoi payer le loyer de la salle, je ne me verse pas de salaire. En général, on dit qu’il faut compter trois ans pour qu’une entreprise soit rentable. J’ai ouvert ma salle depuis 6 mois et j’ai entre 50 et 60 abonnés par mois. Mon objectif est d’en avoir entre 120 et 150. Et j’espère pouvoir devenir propriétaire !

Le panneau qui indique la salle de sport de Yassine

Zoom sur le dispositif relais itinérant

Le dispotitif relais itinérant est fait pour les personnes en difficulté à l’école, pour ceux qui sèchent, pour se rétablir dans l’école et arrêter de faire n’importe quoi. Le dispositif relais sert à faire des activités, pas du laser game, mais des choses qui sont en rapport avec le collège.

Les élèves se retrouvent un jour par semaine au collège Anthonioz De Gaulle. Ils viennent de différents collèges, comme Samivel à Bonneville, Anthonioz de Gaulles à Cluses, Camille Claudel à Marignier…

Les élèves font des activités comme le sport, le bricolage, le théâtre. Cela les aide à se réintégrer dans le collège. Ils apprennent à refaire un effort dans la durée. Ils découvrent qu’ils ont aussi des qualités, des compétences.

« Pour prendre les décisions nous avons le Conseil. Au conseil, nous décidons par exemple qui prend des photos, qu’est-ce qu’on va manger… toutes les décisions sont prises en groupe. Il faut savoir s’exprimer, s’écouter, s’arranger entre nous. »

« Nous avons rénové une pièce, et en échange, Yassine, qui est prof de sport, nous a donné des cours de sport. Yassine a entraîné des champions de haut niveau, en boxe Thailandaise et aussi pour les jeux olympiques de ski. Nous avons fait du self defence, de la musculation, du gainage, et des jeux de cartes revisités ! »

« Nous avons fait du théâtre d’improvisation avec Loïc. C’est comme le théâtre, sauf qu’on invente notre rôle. On a créé un animal imaginaire qui s’appelle le dahu, et nous avons créé des histoires avec cet animal. » 

« Nous avons percé du bois, de la brique, du béton. Nous avons isolé une salle pour faire une chambre pour Yassine et sa femme ».

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