La place du peuple : à la fois lieu de passage et de rencontres

LOCALISATION ET DESCRIPTION

 

La place du peuple est une place centrale, très bien située car desservie par de nombreuses rues ainsi que par les trois lignes de tramway de Saint-Étienne. Le Furan, rivière stéphanoise recouverte par la ville, passe dessous. Elle possède de nombreux aménagements variés (supermarchés, cafés, commerces) et est à la fois un lieu de passage et de divertissement pour les acteurs sociaux. Le parking des Ursules non-loin de là lui octroie une facilité d’accès, et ce, même pour les automobilistes. Elle est par ailleurs la marque du multiculturalisme de Saint-Étienne car personnes jeunes comme âgées s’y rencontrent. Certaines rénovations des aménagements urbains (comme celle du Monoprix menée en fin d’année 2015) témoignent d’un dynamisme de la place étudiée.

 

HISTORIQUE DE LA PLACE

 

Bien que la place du Peuple soit aujourd’hui ce que Michel Lussault pourrait qualifier d’hyper-lieu (c’est à dire un lieu qui rassemble un grand groupe de personnes, soit par affinités sociales ou politiques, soit par nécessité), l’interface qu’elle constitue entre les Hommes et la ville n’existe que depuis le début du XVème siècle. En effet, d’après le site www.archives.saint-etienne.fr, c’est « le 28 décembre 1410 [que] la communauté des habitants de Saint-Étienne achète un vaste terrain s’étendant entre le village et le Furan : le Pré de la Foire (aujourd’hui place du Peuple) pour y tenir marchés et foires, pour servir aux réjouissances publiques et pour entreposer bois et matériaux de construction ». Même si l’on crée des remparts à la fin du Moyen-Âge et que la place du Peuple ne fait pas parti de la vieille ville (attention, la Tour de la Droguerie de la place datant du XVIème siècle n’avait pas une vocation défensive), elle s’inscrit à l’heure même de sa création dans une logique de connexions, d’échanges entre les habitants, qu’ils soient économiques, financiers ou sociaux ; et c’est précisément dans le cadre de cette troisième nature des interactions entre les acteurs de l’espace et le lieu que nos interviews ont porté…

RENCONTRES et INTERVIEWS

 

Dans notre quête d’en savoir plus sur les ressentis des passants de la place du Peuple, nous avons abordé en milieu d’après-midi une dizaine de personnes d’âge, de sexe et de préoccupations variés : si beaucoup considèrent la place comme un simple lieu de passage, d’autres sont attachés à elle…

La première personne interviewée est un homme âgé d’une cinquantaine d’année d’origine maghrébine nommé Kamel. Son vécu géographique est celui d’un passant qui habite la Cotonne : il trouve le lieu agréable et dynamique mais n’a pas pour autant l’habitude d’y rester. La place n’est pour lui qu’une étape de sa promenade.

Puis nous nous sommes adressé à un groupe de jeunes ; parmi eux, un homme de la vingtaine a accepté de se livrer à nous. Antoine, lui, vient souvent sur la place du Peuple pour s’asseoir avec ses amis : en fait, cet endroit représente beaucoup pour lui. Cette topophilie s’explique d’après lui par le brassage social qui s’y effectue, la rencontre des différentes cultures de la ville de Saint-Étienne. La place est du fait de son dynamisme culturel une hétérotopie, concept qu’il emprunte à Michel Foucault pour désigner une localisation physique d’une utopie, soit plus simplement un espace concret qui héberge l’imaginaire. Par là même, la place du Peuple amène « de la stabilité à des gens dans l’instabilité » et possède une dimension salvatrice.

Mais cette place est aussi le lieu de bonheurs enfantins, d’après-midi ensoleillées et reposantes… C’est en interrogeant deux collégiennes, Julie et Mathilde, que nous l’avons compris. En effet, les jeunes filles passent souvent par la place du Peuple « pour acheter des bonbons après l’école ». Le collège de Saint-Paul se trouve à vrai dire non-loin du lieu de plaisance des deux comparses (à une station de tramway, environ 500 mètres) ; aussi, il leur est aisé d’y aller à pied.

Enfin, Christine, une femme âgée d’une soixantaine d’année, nous informe qu’elle ne passe que très rarement par la place du Peuple mais ne s’y arrête jamais. N’étant pas de Saint-Étienne même mais des alentours, le lieu ne représente pour elle qu’un trajet qu’elle emprunte pour aller faire ses courses de temps à autres.

Ainsi, la place du Peuple est un lieu à multiples facettes : tantôt le miroir salvateur de notre existence, tantôt simple lieu de plaisance voire de présence, de passage pour les acteurs sociaux, ce lieu – qui est à l’origine en dehors de l’enceinte de la ville – constitue aujourd’hui un centre multiculturel et social indéniable de Saint-Étienne, où chacun y trouve son compte.

 

Que demande le peuple ?