au Crozet, « le grand luxe » des années 60′

Créé dans les années 1960 au milieu de la campagne, comme les grands ensembles des banlieues des grandes villes, le quartier du Crozet a été une vraie révolution pour ses premiers habitants.

Avant que des immeubles sortent de terre, le Crozet était un pré avec des vaches, à côté d’une grande forêt. La zone était marécageuse, avec des terrains humides à cause de l’Arves, la rivière qui passe à côté. Le mot « Crozet » veut d’ailleurs dire « le creux » en patois. Rien à voir avec les pâtes savoyardes !

A partir de 1962, avec indépendance de l’Algérie, des milliers de personnes sont revenues vivre en France, et il a fallu les loger. Les industries de la vallée, comme le décolletage, avaient besoin de main-d’œuvre et ont décidé de construire des logements pour les ouvriers. Au tout début, 21 immeubles ont été construits. Il y avait aussi une église chrétienne. Une quinzaine d’autres immeubles viendront s’ajouter au fil des années suivantes.

Des vaches au milieu des immeubles

Dans les premières années, les immeubles poussent au milieu de la campagne. « Il y avait des vaches au milieu des immeubles. Quand j’étais enfant, le quartier était entouré par la nature. Pour aller à l’école il fallait passer par une route qui n’était pas goudronnée. On était assez isolés, beaucoup de familles n’avaient pas de voiture », se souvient Gérald Richard, le premier adjoint de Scionzier et enfant du quartier.

Le Crozet en 1971, trois ans après sa construction. Photo : archives mairie

Arrivé à l’âge de 6 ans dans les années 60, Gérald Richard se souvient avoir découvert « des appartements de grand luxe ». Comme beaucoup d’autres familles à l’époque, il vivait avant dans des habitations insalubres, sans toilettes, ni eau chaude ou salle de bain. Le gamin dort souvent avec des bouillotes pour ne pas geler pendant la nuit. « Lorsque nous sommes arrivés au Crozet, on a découvert les baignoires, l’eau chaude au robinet, les vide-ordures, du chauffage partout… C’était absolument magique ! », raconte Gérald Richard.  Le tout pour un prix assez faible. « A l’époque on faisait des cartes postales du quartier pour montrer à quel point c’était bien ! ».

Mauvaise réputation

L’ancien habitant se souvient de la « grande solidarité » dans le quartier et des barbecues organisés en bas des tours. Mais il admet que le quartier a vite eu mauvaise réputation. « C’est la même histoire que pour les banlieues, comme les Minguettes à Vénissieux. On était à l’écart, des familles pas très riches pour la plupart. Donc à l’école on n’était pas toujours très bien acceptés par les enfants de « Scionzier d’en haut » comme on disait à l’époque. » Soixante ans plus tard, le quartier « magique » s’est bien dégradé. Des travaux étaient devenus urgents et devraient se terminer d’ici 2024.

Nisa, Anna Léa, 5e9

 

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