Catherine Ritz: «Les glaciers, ce sont des sentinelles pour observer l’impact du réchauffement climatique»

En avril 2022, la climatologue Catherine Ritz, spécialisée en glaciologie, a rendu visite à la classe 6èmeB du Collège du Verney de Sallanches dans le cadre de la résidence journalistique sur le thème: «L’eau à Sallanches, source de vie et de richesse?»

Elle est venue de Grenoble pour nous parler de son métier. Catherine Ritz travaille à l’Institut des géosciences de l’environnement de l’Université de Grenoble où elle fait des recherches sur le climat à partir des carottes glaciaires. Elle a répondu à nos questions et ensuite nous a montré des films sur l’Antarctique où elle a passé plusieurs mois pour étudier la glace.

Comment se sont formés les glaciers en Haute-Savoie ?
Catherine Ritz: Il y a des glaciers dans tous les endroits du monde suffisamment en altitude pour que la glace arrive à tenir pendant l’été. C’est donc le cas en Haute-Savoie, où on en compte plusieurs. Les glaciers se sont formés là où il n’y a pas de soleil, où la neige finit par s’accumuler en devenant de la glace. Ensuite, cette glace se met à couler comme une rivière, mais très très lentement. En descendant vers les vallées, elle fond.

Pourquoi étudie-t-on les glaciers?
Les glaciers, ce sont des sentinelles pour observer l’impact du réchauffement climatique. À la fin du XIXe siècle, ils descendaient beaucoup plus bas dans la vallée de Chamonix, notamment le Glacier d’Argentière et la Mer de glace. Depuis, ils diminuent, en longueur et en épaisseur. Par exemple, pour la Mer de glace, il a fallu mettre des échelles sur les parois rocheuses pour descendre dans le glacier. La dernière fois que j’y suis allée, j’étais surprise de voir à quel niveau il avait baissé. Personnellement, je travaille sur deux énormes calottes glaciaires, qui sont le Groenland et l’Antarctique. En tant que glaciologue, je m’intéresse à l’analyse des carottes de glace qui permettent d’étudier le climat.

À quelle profondeur peut-on faire des carottes de glace?
Certaines carottes de glace font plus de deux cent mètres, comme celles du Mont-Blanc, grâce auxquelles on peut étudier le climat des derniers siècles. Certaines ont été extraites de la calotte glacière. La plus vieille remonte à huit cent mille ans, l’Homme n’existait pas encore à cette époque. Le forage pour obtenir cette carotte mesurait 3270 mètres.

Quelles sont les ressources des glaciers?
L’été, la neige fond, et une rivière se forme en dessous du glacier qui alimente le glacier. Une sorte de réservoir naturel.

Pouvons-nous empêcher la fonte des glaciers?
On peut limiter la quantité de CO2 dans l’air et faire en sorte que le réchauffement climatique soit stabilisé. Pour obtenir ce résultat, chacun peut faire un effort, en baissant le chauffage à la maison, en roulant moins vite en voiture, ou choisir une voiture électrique, se déplacer à vélo ou à pied. Les gouvernements doivent faire le reste.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier?
J’ai grandi dans une station de ski, loin d’ici, dans les Pyrénées, et j’ai toujours rêvé de neige, alors j’ai fait des études en glaciologie à Grenoble. Ensuite, j’ai essayé d’obtenir un poste de chercheur universitaire dans ce domaine d’études, je l’ai eu. Et j’ai aussi eu la possibilité d’effectuer quatre missions au cœur de l’Antarctique, dans la station franco-italienne Concordia.

Quelle était votre mission en Antarctique?
Avec mon équipe, on a voulu réaliser un forage pour obtenir de la glace vieille de 1,5 million d’années permettant d’étudier l’histoire climatique jusqu’à cette époque si lointaine. Avant, nous avions recueillis des échantillons vieux de 800 000 ans. Mon travail a consisté à coordonner toutes les mesures pour déterminer le bon endroit où effectuer ce forage. Et nous avons réussi!

Propos recueillis par Lucas, avec la collaboration de Jaeduk (opérateur audio),
la retranscription de l’entretien audio a été réalisée par Tony et Enzo,
élèves de la classe 6èmeB du Collège du Verney de Sallanches / Avril 2022

Catherine Ritz, climatologue et glaciologue de l’Université de Grenoble, dans la cour du Collège du Verney de Sallanches. Photo © Valentine / Classe 6èmeB / Avril 2022

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