Comment les jeunes lyonnais s’informent-ils ?

Le 21 mars 2024, nous sommes allés interroger des élèves de seconde, première et terminale des lycées Édouard Herriot (Lyon 6e) et Auguste et Louis Lumière (Lyon 8e). Des témoignages ont été collectés afin de comprendre la place qu’occupe l’information chez les jeunes.  Une enquête de la classe de première HGGSP (Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) du lycée Édouard Herriot à Lyon.

Chez la plupart des élèves de seconde, l’information occupe une place peu importante dans leur quotidien : ils ne se sentent pas très concernés. Ils s’informent en grande majorité par le biais des réseaux sociaux et parfois de manière non intentionnelle grâce aux propositions des algorithmes. 

En interrogeant les élèves de première, nous remarquons qu’ils se sentent davantage concernés par l’information et ils y apportent une plus grande attention. Nous relevons la présence de plusieurs canaux de diffusion de l’information comme les réseaux sociaux, la radio ou encore la télévision. Comme les secondes, les premières sont sensibles à des sujets tournant autour de la géopolitique mondiale, notamment les guerres.

Les terminales interviewés – précisons d’emblée que notre échantillon était composé d’élèves en spécialité HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques), qui ont un rapport à l’information plus important que d’autres élèves du lycée, ont davantage de moyens d’information : les journaux Le Monde et Le Figaro, ou des médias plus « modernes » comme Youtube et des réseaux sociaux. En effet, ils considèrent l’information comme essentielle pour leur vie de jeunes citoyens et profitent pratiquement tous du repas pour en discuter avec leur famille.

« Si on veut que les jeunes s’informent correctement, il faut leur donner les moyens de le faire »

En parallèle des interviews, nous avons envoyé un sondage via le logiciel Pronote dans les deux établissements. Nous avons obtenu 290 réponses de la part des élèves et 33 de la part des professeurs. Les adultes sont également impliqués dans la quête de l’information chez les jeunes, en particulier les professeurs documentalistes qui offrent aux élèves un large panel de lecture de sources fiables mais aussi des cours d’éducation aux médias et à l’information (EMI) pour apprendre à s’informer correctement. Ils évoquent aussi la mise en place d’un kiosque de presse au CDI, les abonnements à des médias en ligne comme Le Monde et plus récemment à “Cafeyn”, un kiosque de presse numérique, au lycée Édouard Herriot. Pour ces professeurs, c’est à eux d’offrir ce privilège de pouvoir s’informer : « Si on veut que les jeunes s’informent correctement, il faut leur donner les moyens de le faire », nous confie Mme Marinot, professeur documentaliste au lycée Édouard Herriot.

Pour ces professeurs, ainsi que pour Mme Iris Iriu, référente EMI pour l’académie de Lyon, que nous avons interrogé, les jeunes sont certes intéressés par l’actualité mais pas forcément de façon développée, ce qui peut être un danger car ce manque de précisions ne les pousse pas à vérifier leurs sources. Les adultes sont donc préoccupés par ce manque de vigilance, qui permet aux algorithmes de fausser leur recherche d’information, surtout chez les plus jeunes qui commencent à s’informer dès le collège. Mais ce phénomène est très variable en fonction des individus.

Quand nous avons demandé quels sont les supports des élèves pour s’informer, la réponse a été unanime pour tous : les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram ou X (ex-Twitter). On pourrait penser que ces sources sont remplies uniquement de fake news, mais pour suivre ce phénomène et permettre aux médias de continuer d’évoluer et d’informer, la presse traditionnelle, comme Le Monde ou Le Figaro, s’implante aussi en ligne et sur les réseaux sociaux. Cette révolution de l’information a aussi amené à la création de nouveaux médias qui ciblent notamment les jeunes, comme Brut ou le célèbre HugoDécrypte, qui a depuis peu créé Elan.media sur TikTok, Instagram, YouTube et LinkedIn, qui vise à guider les jeunes pour leurs études et leur vie professionnelle.

Enfin, le proviseur du lycée Édouard Herriot a également été interrogé sur le rapport des jeunes à l’information et ses réponses sont très proches de celles de nos professeurs documentalistes interrogés. De son point de vue, les jeunes sont très curieux face aux informations qui leur viennent, ils sont même surinformés, mais la qualité de l’information est souvent douteuse. Encore une fois, les réseaux sociaux ressortent en première position à la question des supports utilisés par les jeunes, ce qui accentue le rôle des algorithmes dans la création de leur opinion. 

Swann FRIGIERE, Rina GRAINCA, Mary-Lou PETIT, Camille SIMON, Charlotte VERON-BONNAUD 

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