Depuis plusieurs années, on peut observer une transition de la presse lyonnaise vers le numérique. De nombreux médias locaux se sont adaptés au format numérique, pour des raisons financières ou de perte de vitesse. Cette transition est pour certains un véritable crève-cœur, mais elle s’est accompagnée de nombreux points positifs. Une enquête de la classe de première HGGSP (Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) du lycée Édouard Herriot à Lyon.
Depuis une trentaine d’années, la presse locale connait une forte érosion de son lectorat ainsi qu’une baisse importante de ses revenus publicitaires. Cette crise économique s’aggrave avec des coûts de production qui augmentent et une machine industrielle lourde à faire fonctionner. Les médias lyonnais sont particulièrement touchés par cette crise. Le Petit Bulletin, journal papier gratuit, a été obligé d’arrêter son activité à Grenoble et à Saint-Etienne, et continue difficilement à Lyon avec une dette de 800 000 euros accumulée lors de la crise du Covid-19.
Selon Isabelle Garcin-Marrou, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication à Science Po Lyon, la presse papier qui avait « comme vocation très importante l’information service, c’est-à-dire l’ensemble des petites annonces qui motivait l’achat du format papier, a migré sur Internet ».
« Il y a forcément un avenir pour la presse papier. »
Isabelle Garcin-Marrou
En raison de la baisse des lecteurs, la situation économique de la presse papier régionale devient assez précaire. D’après Raphaël Ruffier-Fossoul, ancien rédacteur en chef de Lyon Capitale et créateur de la newsletter L’Arrière-Cour, produire un journal papier à un coût pour le producteur d’informations, comparé à l’écriture en ligne qui est plus facile d’accès et moins cher. C’est pour cela qu’en raison de l’accroissement des pure players – des médias exclusivement numériques – les médias et les journaux nationaux ont tenté de prendre le virage du passage au numérique. Mais selon Isabelle Garcin-Marrou, “il y a forcément un avenir pour la presse papier, parce que les gens ne se passeront pas du support papier, pas complètement”.
Néanmoins, la transition peut parfois se faire violemment. La transition de la presse papier vers la presse en ligne a été compliquée pour les journaux locaux, notamment lyonnais, qui ont eu du mal à imaginer quel pouvait être leur modèle économique dans une version en ligne. En effet, plusieurs modèles contraignants existent comme l’abonnement, le paywall (un mur numérique empêchant l’accès au contenu tant qu’un paiement n’a pas été effectué) et enfin le « tout gratuit » qui est financé par des ressources publicitaires.
Nouveaux médias et concurrence
Les journaux papiers ont connu divers obstacles, tels que la difficulté à garder un public en raison de la mobilité des individus et du détachement progressif des nouvelles générations au papier. Certains journaux locaux ont eu un temps de retard dans leur adaptation sur internet. En effet, bien que plus accessible, la presse en ligne exigeait des compétences très précises chez les journalistes et dans les rédactions. De plus, l’arrivée du web a instauré une concurrence plus rude entre les journaux lyonnais essayant de s’implanter dans ce nouveau marché.
Selon Isabelle Garcin-Marrou, « par le numérique, il y a eu l’arrivée de concurrents qui n’étaient pas du tout présents, qui se sont montrés et qui étaient beaucoup plus réactifs, et surtout qui ont adopté une position éditoriale beaucoup plus offensive, c’est à dire beaucoup plus engagée notamment sur la question de l’investigation ».
Bien que des problèmes existent, cette transition peut tout de même avoir des avantages : la presse numérique permet aux jeunes de pouvoir s’informer sur Internet via des sources fiables. Il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux participent à la désinformation en général, à la prolifération de fake news. Selon Isabelle Garcin-Marrou, “on ne perd rien à garder des journaux papiers car ils ont encore une fonction de lien social. Ils donnent une identité. Si Le Progrès disparaissait, les gens seraient tristes même s’ils ne le consultent pas tous les jours.”
Lali CADORET, Martial FAVRE, Arthus KENZARI, Fleur LABUSSIERE, Valentin MARTINON, Romane THEVENIN, Emilie THORSTENSEN
Image de Une : un tabac-presse, dans le 7e arrondissement de Lyon. ©CC / Sebleouf