Fernand Deschamps: «Entre les guerres mondiales, l’indochine et l’Algérie, il y a eu une cinquantaine de morts à Taninges»

La classe 3ème4 du Collège Camille Claudel de Marignier s’est intéressée aux monuments aux morts du Giffre et de Taninges. Dans cette dernière commune, les élèves ont rencontré en mars 2022 Fernand Deschamps, adjoint au maire et mémoire historique de la région.

Le bus s’arrête devant le monument aux morts de la guerre de 1870-1871. Il est situé à côté d’une route très fréquentée, où les voitures défilent sans cesse sous nos yeux. Tout près, la rivière du Giffre est tout aussi bruyante. Dans ce vacarme urbain, un élève tend son micro et pose des questions à Fernand Deschamps, l’adjoint du maire de Taninges, qui répond sans hésiter. Des passants s’arrêtent pour observer l’interview.
Un deuxième monument, dédié à la Seconde Guerre mondiale, se trouve de l’autre côté du pont qui enjambe la rivière. On se déplace pour le visiter. Un vent froid souffle sur nos visages. L’air est lourd à cause de l’humidité. Après avoir répondu à nos questions, l’adjoint au maire a invité la classe dans la salle des cérémonies de la mairie. Voici un extrait de l’entretien qu’il nous a accordé.

Pour les monuments aux morts, y a-t-il des critères précis, un symbole en particulier ou des éléments obligés?
Fernand Deschamps: Les monuments aux morts symbolisent la force et la virilité du soldat. Mais il y en a un en France qui, contrairement aux autres, symbolise un tout autre aspect de la guerre. Il se trouve dans le village de Bonneval-sur-Arc, en Savoie, et ce n’est pas un soldat sur le monument, mais une femme. Car quand les hommes étaient à la guerre, les femmes faisaient tourner l’industrie.

Y a t-il eu une demande de l’État pour qu’il y ait un monument dans chaque commune?
On les doit à l’initiative des communes. L’État s’est chargé de rapatrier les corps. Parfois, il n’y a pas de monument, mais une simple plaque sur un mur, où les noms des soldats morts sont inscrits.

À Taninges, les morts de la Seconde Guerre mondiale sont séparés en trois sections: militaires, résistants et civils. Pourquoi les civils?
En tout, entre le conflit de 1914-1918 et celui de 1939-1945, avec les guerres d’Indochine et d’Algérie, il y a eu une cinquantaine de victimes de Taninges. Durant la Seconde Guerre mondiale, des civils ont aussi été tués. Il fallait préserver leur mémoire. Un exemple: le dénommé «BLANC Roger» était un gamin de quatorze ans qui ramassait des escargots sur un mur de la route qui conduisait aux Gets. Une patrouille allemande passait par là, il a eu peur et s’est sauvé en courant. Les soldats ont cru qu’il était en train de commettre un attentat, ils l’ont tiré comme un lapin et l’ont tué.


Le reportage introductif a été rédigé par Amélie, les propos ont été recueillis par
Daniel et Maelys (opératrice audio), avec la collaboration de Cerise, Noa, Malone
et Ilhem, élèves de 3ème4 du Collège Camille Claudel de Marignier / Mars 2022

Fernand Deschamps, à gauche. Photo © Nathan / Classe 3ème4 du Collège Camille Claudel de Marignier / Mars 2022
Le monument aux morts de la guerre de 1870. Photo © Nathan / Classe 3ème4 du Collège Camille Claudel de Marignier / Mars 2022
Le monument aux morts des guerres d’Indochine et d’Algérie. Photo © Nathan / / Classe 3ème4 du Collège Camille Claudel de Marignier / Mars 2022

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