Flavie Melendez, l’agricultrice qui sauve des vies

Depuis le début de la crise sanitaire, Flavie Melendez est sur deux fronts : à l’hôpital et aux champs. Découvrez le témoignage de cette agricultrice et infirmière, bien connue à Saint-Gervais.

A 34 ans, Flavie Melendez est non seulement agricultrice mais aussi infirmière aux urgences de Sallanches et de Chamonix. Depuis la première vague de COVID-19 en mars 2020, elle était sur les deux fronts : à l’hôpital et aux champs.

Elle est agricultrice depuis 2017 et travaille à la ferme des Roches Fleuries où elle produit et transforme du lait de vache et du lait de chèvre.  

Pour pouvoir être en même temps à la ferme et aux urgences, elle travaille avec deux salariées, Marie-Laure et Amandine. Marie-Laure travaille principalement à la traite des vaches et Amandine à la fabrication des produits fermiers et au magasin.

Entretien avec cette femme engagée:

La rédaction: Est-ce que c’est difficile d’être infirmière et agricultrice ?

Flavie Melendez: Je suis infirmière aux urgences sur la saison d’hiver, de décembre à avril. L’hiver, je suis infirmière et agricultrice donc il faut que je sois très organisée à la ferme. Souvent, je fais la nuit aux urgences et je suis obligée d’être à la ferme la journée donc c’est un peu difficile de tenir. Mais on s’habitue !

Crédit photos: GAEC Roches Fleuries.

Est-ce que vous avez été au chômage partiel pendant le premier confinement?
On n’a pas été au chômage car les commerces de première nécessité, comme nous qui vendons du fromage, du miel ou de la charcuterie, ont pu rester ouverts. Au contraire, on a eu beaucoup de travail. Pour faciliter l’achat de nos produits, les gens pouvaient commander sur un site provisoire et on livrait à des points de livraison à Passy ou Sallanches.

Est-ce que la crise sanitaire liée au Covid-19 a causé une baisse de votre chiffre d’affaires ?
Au départ, on se faisait beaucoup de soucis car mi-mars, c’était la saison de ski et c’est la période où on vend nos produits, nos fromages de chèvres, aux touristes. Après l’annonce du confinement, on n’a eu que deux personnes au magasin. C’est là qu’on a décidé de mettre en place la livraison et c’est ce qui nous a sauvés. En revanche, je fais des visites pédagogiques à la ferme et j’ai dû arrêter. Donc j’ai perdu de l’argent sur les visites pédagogiques. Et je n’ai pas eu d’aides là-dessus car ça n’entrait pas dans notre activité principale.

Est-ce que votre production a baissé pendant le confinement ?
Oui, pour la partie du lait qu’on livre à la coopérative. La coopérative nous a demandé de produire 20% de moins de lait en pensant que les gens consommeraient moins lors du premier confinement. Mais on ne peut pas dire aux vaches de produire 20% de lait en moins, donc pour ne pas perdre le lait, on l’a transformé en fromage à raclette.  Au deuxième confinement, il n’y a eu aucune restriction de la part de notre coopérative.

En tant qu’infirmière, qu’est-ce qui a été le plus difficile ces derniers mois ?
Aux urgences de Sallanches et de Chamonix, on a l’habitude d’être à flux tendu avec la saison de ski. Il y a beaucoup trop de monde et pas assez de personnel ni de lits de réanimation. Au mois de mars, on a été obligés de transférer des gens à Lyon, à Annecy et Grenoble car on n’avait plus de lit à Sallanches…

Quel souvenir avez-vous de la première vague de la Covid-19 ?
J’ai travaillé un mois de plus. Ce qui m’a le plus choqué, c’est de voir la détresse des gens seuls. On a vu des gens malades mais on a dû faire des choix. En France, on est capable de faire des greffes du cœur, d’opérer des cerveaux, mais on n’est pas capable d’avoir assez de lits dans les hôpitaux pour soigner des gens…On a dû se débrouiller avec les moyens du bord. C’est dramatique et ça me révolte.

Des propos recueillis par Baptiste, Mathis, Nathan et Simon, en classe de 5e.

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