Gabriel Grandjacques: «L’histoire des thermes de Saint-Gervais est un vrai feuilleton»

En avril 2022, dans le cadre de la résidence journalistique consacrée au thème de l’eau, la classe de 6eB du Collège du Verney de Sallanches a visité le Parc thermal et le hall des Thermes de Saint-Gervais.

Il pleuvait beaucoup, en ce jour d’avril, au Parc Thermal de Saint-Gervais. Nous nous sommes abrités sous un kiosque qui se trouvait au milieu du jardin. Le parc est vaste. D’un coté, il y a la forêt, de l’autre, le torrent du Bon-Nant. La classe était accompagnée de Gabriel Grandjacques, enseignant d’histoire à la retraite, conseiller municipal à la mairie de Saint-Gervais-les-Bains, huitième adjoint délégué au patrimoine et à la culture. Il a répondu à nos questions sous le kiosque, ensuite, il nous a conduits à l’intérieur du bâtiment et nous a montré un mur où sont marqués les épisodes les plus importants de la longue histoire des thermes. Il y avait une odeur de soufre et, quand nous sommes entrés, la chaleur a réchauffé nos corps.

Quand ont été construits les Thermes de Saint-Gervais et par qui ont-ils été fondés?
Gabriel Grandjacques: Les Thermes de Saint-Gervais datent d’il y a plus de deux cents ans. Ils ont été construits entre 1806 et 1807 par un notaire local, un sacré magouilleur, Joseph-Marie Gontard. Il avait écarté ses huit sœurs pour être le seul propriétaire du terrain. Dès les premières années, du beau monde est venu visiter les thermes, surtout des aristocrates. Une ex-impératrice, Josephine, première épouse de Napoléon, a passé une nuit ici. Il y a eu également la seconde épouse de l’empereur, Marie-Louise d’Autriche. À l’époque, la grande vogue était d’aller voir les glaciers à Chamonix, les thermes se trouvaient sur le chemin.

Qui gère les Thermes de Saint-Gervais maintenant?
L’histoire des thermes, c’est un vrai feuilleton. Sur les deux siècles d’existence, il y a eu beaucoup de gérants. Parmi les plus récents, Armand Califano reprend la gestion en 1959, mais c’est son fils Bernard qui construit, en 1992, le deuxième bâtiment des thermes, un projet qui lui a coûté très cher. Il n’arrivera pas à «faire face» aux investisseurs, c’est-à-dire à rembourser ses dettes. En 1997, la mairie de Saint-Gervais et le conseil municipal confient alors la gestion des thermes à la société Rivadis. Plus tard, en 2016, la licence d’exploitation des thermes est vendue au groupe de cosmétique français L’Oréal.

D’où vient l’eau des thermes?
Elle fait un très long voyage. L’hypothèse la plus probable est qu’elle vienne du mont Joly par le mont d’Arbois. De là, elle s’engouffre dans une faille et descend dans les souterrains du massif du Mont-Blanc, jusqu’à 3000 mètres de profondeur, où elle se charge de différents minéraux et oligo-éléments, comme le soufre et le manganèse, qui ont des effets bénéfiques pour la peau. Plus elle descend en profondeur, plus l’eau se chauffe. Ensuite, elle rencontre une autre faille qui l’oblige cette fois-ci à remonter. Quand elle jaillit à Saint-Gervais, elle est très chaude. Il y a six ou sept sources thermales, mais la principale, qui s’appelle «Source Gontard», est la plus chaude: la température de l’eau dépasse les 40 degrés.

Quels sont les bienfaits des eaux thermales?
Les eaux de Saint-Gervais sont chargées de soufre. Quand j’étais gamin, et je passais près des thermes, je sentais toujours une odeur d’œuf pourri, qui est caractéristique du soufre. Ces eaux ont des propriétés dermatologiques anti-inflammatoires, contre les cicatrices, l’eczéma, et sont efficaces même contre la psoriasis. Dans les années 1960, on leur a trouvé une nouvelle vertu thérapeutique: elles apaisent la peau des grands brûlés. Une grande vedette de la danse, Janine Charrat, dont le corps était brûlée à plus de 50%, à cause d’un accident, est venue se soigner ici en 1964. Les médecins de l’établissement thermal, le docteur de Lépinay d’abord, mais aussi les docteurs Hardy, père et fils, ont par la suite continué à soigner des grands brûlés. De là vient aussi la renommée des thermes de Saint-Gervais.

Propos recueillis par Ambre, avec la collaboration d’Ilyan (opérateur audio),
le reportage introductif a été rédigé par Camille,
la retranscription de l’entretien audio a été effectuée par Kylian et Gabin,
élèves de la classe 6èmeB du Collège du Verney de Sallanches / Avril 2022

Gabriel Grandjacques, enseignant d’histoire à la retraite, conseiller municipal à la mairie de Saint-Gervais-les-Bains, huitième adjoint délégué au patrimoine et à la culture. Photo © Aya / Classe 6èmeB / Collège du Verney de Sallanches / Avril 2022
Gabriel Grandjacques raconte aux élèves de 6èmeB l’histoire des Thermes de Saint-Gervais. Photo © Liv / Classe 6èmeB / Collège du Verney de Sallanches / Avril 2022 /

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