Quand j’étais petite, j’avais envie de montrer mes dessins

Elodie Balandras en visite aux collégiens de Samivel. Crédit photos : Classe de 4F

Vendredi 7 janvier 2022, deux élèves de 4eF du collège Samivel de Bonneville ont rencontré, dans le cadre du projet « Jeunes en Librairie », Élodie Balandras, une illustratrice spécialisée dans les livres jeunesse. Elle nous parle de son métier, de son parcours et de relation avec les éditeurs.

Un article de Théo et Mehdi

Elle n’est pas venue les mains vides. Pour notre rencontre dans la grande salle du CDI, Élodie Balandras nous apporte des grandes feuilles de dessin, des esquisses de ses projets actuels et anciens et son ordinateur rempli de vidéos et d’images. Cette  femme de 40 ans est illustratrice depuis 2003, l’année d’obtention de son diplôme d’arts appliqués de Lyon. Elle a illustré une quarantaine de livres dont deux ont été primés : Un Nouveau Printemps pour pépé ours et Les Poulets guerriers.

8 heures de travail par jour

« J’ai toujours dessiné car quand j’étais petite, j’étais fille unique et je m’ennuyais pas mal. J’allais chercher des livres en médiathèque que je reproduisais sur du calque.» Elle travaille dans son atelier, qu’elle a installé chez elle, entre un coin informatique et un coin pour les dessins au crayon ou à la peinture. Pour organiser son temps de travail, elle se pose un cadre la journée et dessine en moyenne 8 heures par jour, mais parfois jusqu’à 50 heures par semaine. Elle travaille d’abord les esquisses à la main, au feutre noir puis les scanne et met les couleurs à l’ordinateur avec une tablette graphique. Ses outils favoris ? Le critérium, le feutre pinceau numérique et les logiciels Photoshop, Indesign et Illustrator. En général, l’illustration d’un livre lui prend entre 6 et 8 mois.

A côté de son atelier, elle a installé une bibliothèque avec des livres qui l’inspirent. Elle peut s’y référer lorsqu’elle est à cours d’idées. Elle écoute la radio ou des podcast pendant le travail, cela lui permet de se concentrer. Elle porte toujours sur elle un carnet pour dessiner au gré de ses envies.

« Finalement, maintenant il me manque pas mal de temps pour faire des dessins plaisir. Des fois, j’aimerais bien prendre mon carnet et me dire, maintenant je dessine pour rien, je dessine pour moi. »

Une relation délicate à l’éditeur

Sa relation avec les éditeurs est délicate. « Quand on sort de l’école, on a l’impression que les éditeurs c’est quelque chose d’inaccessible, comme le Président de la République, ça paraît intouchable. On a une vision qui n’est pas tout à fait réelle, on a l’impression que c’est le Graal. » Mais avec le temps les relations avec l’éditeur s’améliorent de plus en plus et Élodie ose donner son avis.

Lorsque Élodie était étudiante, elle espérait discuter directement avec un auteur pour créer un bon livre. Elle pensait que c’était la marche à suivre. « Mais l’éditeur, souvent,  veut être dans son rôle de médiation […] C’est un peu le chef du projet, j’ai quand même l’impression que c’est lui fait son binôme auteur/illustrateur. Ça ne l’intéresse pas tant que ça que l’auteur et l’illustrateur travaillent ensemble parce qu’il veut protéger son rôle de médiateur. »

Si les illustrations ne correspondent pas à l’histoire de l’auteur, il se peut qu’elles soient refusées par l’éditeur. Par exemple, pour le livre Quelle Chance ce manque de pot, elle n’avait pas imaginé les personnages comme il fallait, habillés plus en maghrébins alors que l’éditeur imaginait des personnages de l’Asie mineure. Ou pour une illustration maori elle avait fait un personnage tatoué sur le visage ce qui ne correspondait pas aux traditions maori où les enfants ne peuvent pas être tatoués sur le visage. Parfois durant son temps de travail Élodie a besoin de se documenter.

Un ressenti ?

« Quand j’étais plus petite, j’avais souvent envie de montrer mes dessins, c’était un peu pour épater. Après, ça se complique quand on grandit, parce qu’on est plus dur avec soi-même, du coup je les montrais moins facilement. » En école d’art elle a été obligée de montrer son travail et c’est devenu plus simple, plus naturel.

« Quand j’attaque un projet, mon premier sentiment, c’est la peur. J’ai envie mais j’ai peur. »

Souvent quand Élodie commence ses premières illustrations, elle a peur mais elle se rassure en se mettant au travail, et elle prend confiance. Par contre à la fin elle en a marre et pour changer elle aime travailler dans plusieurs domaines en tant que graphiste pour créer des affiches et des logos sur le territoire.

Logo Parcours - Interreg