Toune Bounnoy, une vie en rose

Un portrait rédigé par Nikola, Jordan, Melih, Léo et Xavier, classe de 3ème

Toune Bounnoy, 50 ans, fleuriste au centre-ville de Bonneville, nous raconte son parcours d’intégration en France.

En entrant dans la boutique, située sous les arcades au centre ville de Bonneville, en face de la mairie, l’odeur des fleurs nous envahit. Des tonnes de fleurs sont alignées sur des étagères. Sa boutique est étroite mais très éclairée.

La fleuriste Toune Bounnoy, longs cheveux noirs sur un visage souriant, nous accueille dans son magasin. Originaire du Laos, elle est arrivée en France en 1984. Ses parents, fuyant la guerre civile, décident de se rapprocher de leurs frères et sœurs qui habitent en Belgique. Malheureusement, les portes du pays sont fermées. Ils choisissent donc le pays le plus proche : la France. « Nous avons beaucoup déménagé avant de nous installer à Bonneville, raconte la fleuriste, avec son accent qui nous fait voyager. Arrivés à Nancy, l’Etat nous loge pendant six mois, puis nous déménageons à Toul, à Charleville-Mézieres, à Lyon et enfin à Bonneville. »

LEGENDE !!!!

Toune n’éprouve pas de difficulté pour s’installer en France. « On s’adapte très vite puisque on a l’habitude de quitter notre pays et de déménager. A Bonneville, on est très content on a été super bien accueillis.  »

Toune parle très bien français mais elle s’en défend. « A l’oral, ça va, mais je suis nulle en écriture. Surtout en orthographe,là ce n’est même pas la peine, sourit la fleuriste. C’est assez dur vu que je suis partie d’un pays, le Laos, où nous n’avons pas de verbe, pas de conjugaison, pas de passé ni de futur. Quand on vient d’un pays comme ça, c’est difficile ! » Venue en France à 15 ans, elle intègre la classe de 6ème, jusqu’en 3ème. C’est là qu’elle apprend le français. L’apprentissage de la langue reste très important pour elle. « Je pousse mes enfants à apprendre la langue, c’est important pour se sentir appartenir au pays. »

A son arrivée à Bonneville elle travaille en usine, puis à Somfy, un groupe industriel français fondé en 1969, historiquement implanté à Cluses, aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de la motorisation et de l’automatisation des ouvertures de l’habitat et du bâtiment. Pourtant, elle cherche un autre travail plus manuel, plus orienté vers l’art. Un beau jour, l’ancienne propriétaire du magasin de fleur lui propose de reprendre le magasin. Elle saute sur l’occasion. « J’ai toujours eu une passion pour l’art et les travaux manuels. Quand j’étais petite, ma famille et moi avons vécu dans un camp de réfugiés en Thaïlande pendant 4 ans. J’avais entre 11 et 15 ans. Dans le camp, j’ai appris à tricoter, non pas pour gagner ma vie parce que la famille déjà à l’étranger nous envoyait de l’argent, mais parce que j’avais envie de travailler avec mes mains. »

Toune Bounnoy est devenue experte dans la confection de bouquets de fleur, mais aussi en sculpture sur fruits et légumes.

Aujourd’hui, Toune donne des cours de sculpture sur fruits et légumes. Une pratique peu connue, visible sur sa chaîne YouTube. « La sculpture sur fruits et légumes m’a toujours intéressé. Maintenant c’est moi le professeur. J’adore donner des cours de savoir-faire, pour moi c’est hyper important de savoir transmettre. »

A Bonneville, il existe plusieurs associations laotiennes que Toune rencontre très souvent. Elle a encore de la famille en Chine, le pays d’origine de ses parents et est retournée quatre fois au Laos depuis son départ en France. Pourtant, elle n’aimerait pas retourner vivre là-bas. « J’ai eu deux enfants ici, nés en France. Deux filles, âgées de 22 ans et 9 ans. Nous sommes bien intégrés ici. »

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