Vingt-quatre heures avec une voix auvergnate

Jonathan Verrier est journaliste pour la radio associative locale Radio Coquelicot, dans l’Allier. Jamais en retard, toujours à cent à l’heure – sauf les vendredi après-midi et week-end-, il jongle entre le studio, le terrain et les conférences de presse. Le temps n’a plus de secret pour lui. 

Sept heures trente du matin et déjà en retard. Sur le contrat de travail de Jonathan Verrier, sept heures de travail quotidiennes sont stipulées. « Je n’ai pas d’horaires fixes. J’ai celles qui sont écrites sur le contrat de travail mais on ne peut pas les respecter a 100 %, c’est impossible. Si je finis à 16h et que j’ai fais mes sept heures, qui va couvrir la conférence de presse à 18h ? Un journaliste doit être disponible même s’il doit aussi savoir se déconnecter de la réalité du travail et passer en mode vie privée », raconte ce journaliste radio.

Jonathan commence sa journée en vérifiant les mails que Radio Coquelicot a reçu depuis la veille. Ensuite, pleins phares sur la rédaction du journal quotidien de vingt-cinq minutes, diffusé à douze heures trente. Recherche de l’information locale d’abord, nationale ensuite, internationale enfin. Jonathan en retire des brèves et recherche des sons pour illustrer ses propos. Deux possibilités : soit il les créé, soit il les a déjà en sa possession, auquel cas il les monte grâce à un logiciel. Il n’oublie pas de consacrer six à dix minutes pour l’invité du jour, qui vient parler d’un sujet de proximité politique, social, environnemental ou économique. Le plus souvent, il reçoit des associations ou des structures proches. Mais cette semaine, il a par exemple diffusé un son à propos d’Emmanuel Macron, venu en Auvergne samedi 7 janvier.

« Parfois, on a des reportages à exécuter dès le matin ». Jonathan se souvient d’un début de journée particulièrement chargé, où il a diffusé son journal plus tôt, préparé en amont la veille au soir sur son temps personnel. Il partait en reportage à Gannat, devait remonter au studio pour monter l’interview, passer des coups de fil pour des partenariats, manger en quinze minutes et filer au Centre national du costume de scène à Moulins pour l’exposition Déshabillez-moi, sur les costumes de la pop et de la chanson. Le soir, il devait être à Clermont.

« C’était du non-stop radio mais c’était agréable »

« Si on est pas trop chargé, je me prends une belle pause à midi, je lis la presse, je vais fouiller sur Internet », explique Jonathan. « Mais parfois, c’est repas sur le pouce, ou pas de repas du tout. Ça arrive rarement, heureusement. Ce sont des journées où on bosse dix à douze heures d’affilée, parce qu’on a un reportage à 11h30 puis un autre à 13h mais à l’autre bout du département. »

Jonathan profite du début d’après-midi pour caler les interviews. Parfois, il enchaîne des sujets très différents, qu’il faut préparer avant car il n’a pas le droit à l’improvisation. Ainsi, après avoir terminé son rendez-vous pour le reportage sur l’exposition Déshabillez-moi à Moulins, il s’est rendu à la Confédération du logement. Deux reportages qui n’ont à priori pas grand chose à voir l’un avec l’autre.

Lorsqu’il revient au studio, Jonathan anime l’antenne et réalise les magazines d’informations d’une heure, les reportages, les voix-off, les croisements d’interviews. Même lorsque l’émission reste une émission de divertissement, comme Fréquence ciné, chère à ce journaliste touche-à-tout, le travail est intense. « Une heure d’enregistrement, ça équivaut à quatre heures de préparation. » Et il pèse ses mots. Le dernier lundi de décembre, Jonathan et son armée de chroniqueurs ont enregistré trois émissions avant de partir en vacances pour préparer la grille d’émission. « C’était deux émissions spéciales, d’une heure trente chacune, plus une émission normale d’une heure, plus toute la préparation qu’il y a autour, plus le temps de manger. On a commencé le matin à 11h pour finir le soir à 19h. C’était du non-stop radio mais c’était agréable. » Néanmoins, plus le sujet est maîtrisé et les chroniqueurs nombreux, moins la préparation est longue.

« Un sujet en or »

« Habituellement j’aime bien finir à 16h30, 17h, mais il m’arrive de finir à 22h30 si j’ai beaucoup de travail en raison d’une conférence de presse tardive. » Lorsque ce n’est pas pour participer aux conférences de presse, c’est pour aller chercher un contact ou réaliser un reportage inédit. Il explique : « Le boulot de journaliste, ce n’est pas poser le micro, merci, bonsoir, au revoir. C’est aussi savoir créer du relationnel et de la confiance et peut-être aller au bout du département pour pas grand chose. »

En octobre dernier, Jonathan a sauté sur une occasion originale de rassembler du local, du national et de l’agriculture dans un même son. Après son travail journalier, il s’est déplacé à Courpière dans le Puy-de-Dôme pour le visionnage d’un documentaire passé en novembre sur France 3 : Fils de berger, fils d’ouvrier. Le documentaire met en scène André Chassaigne, député du département et Jean Lassalle, député des Pyrénées-Orientales et candidat à la présidentielle. « C’était un sujet en or. On  ne va pas se dire : bah non j’ai finis ma journée, j’y vais pas. »

Marion Adrast