« Ça arrive une ou deux fois dans une carrière d’archéologue »

Loïc Benoît est archéologue au département de la Haute-Savoie et spécialiste des châteaux, notamment du Moyen-Âge. Responsable des opérations de fouille à Bonneville, il revient sur les deux années de fouilles organisées au château des sires de Faucigny. 

Pourquoi avez-vous choisi de devenir archéologue ici en Haute-Savoie ? 

Je me suis spécialisé sur la Haute-Savoie depuis mes études. C’est un département qui comptait peu d’études sur ses châteaux. Le site de Bonneville est le site témoin d’un projet européen mené entre l’Italie et la France, qui est piloté par le département de Haute-Savoie. Ici c’est le site qui sert de base à l’étude. Le métier d’archéologue est souvent assez obscur pour les gens. On a un imaginaire assez fourni sur notre profession, vue comme des chasseurs de trésors. Pour moi c’est important de montrer la vraie image de notre métier et faire découvrir aux locaux leur patrimoine. 

Quel matériel utilisez-vous ? Y’a-t-il des précautions à prendre quand on fait des fouilles ?

Une première étape c’est l’utilisation d’une pelle mécanique pour gagner du temps en enlevant les premières couches de terre. Ensuite on travaille exclusivement à la main : la pelle, la pioche, la truelle archéologique, ce qu’on appelle une rasette. Des brouettes, des seaux, du matériel de dessin, de mesure et de photographie… Ici c’est un site urbain. Il faut donc faire attention aux réseaux : toute la tuyauterie. On peut croiser des canalisations d’eau, des fils électriques, des câbles internet… Il faut veiller à ne pas le casser, sinon ça arrête le chantier et ça coûte de l’argent. 

Un événement marquant ? 

La découverte d’une salle voûtée sous nos pieds. Cette cave se situe au nord-est, sous la bouche d’égout dans la cour. Le sous-sol n’est pas entier, puisqu’une partie s’est effondrée, mais la partie conservée fait 5m² et 5 mètres de hauteur sous plafond. Trouver une salle complètement conservée, intacte et presque vide, ça arrive un ou deux fois dans une carrière d’archéologue. Ça a été une très belle surprise. 

Propos recueillis par la classe de 5e3 du collège Jean-Jacques Gallay de Scionzier

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