« C’est le mythe de l’Egypte, mais en Haute-Savoie »

Christophe Guffond est responsable de l’unité archéologie et patrimoine bâti au département de Haute-Savoie. Du château de Bonneville aux fouilles de chalets d’alpages, il fait le point sur les projets en cours.

Pourquoi faire des fouilles ici au château des sires de Faucigny de Bonneville 

Parce qu’il y a un projet de musée à l’intérieur du musée. Le château étant en partie médiévale, on s’est dit qu’il était intéressant d’en savoir un peu plus sur son histoire. Les fouilles ont commencé en 2018. Ce sont des fouilles financées par l’Union européenne. C’est notre travail d’étudier ce patrimoine et de faire en sorte de vous le transmettre à vous. Le château au milieu de Bonneville, plein de personnes ne connaissaient pas son existence alors qu’elles passent devant tout le temps. 

Pourquoi fait-on appel aux archéologues pour faire des fouilles avant une rénovation ? 

On fait appel aux archéologues parce que notre métier est de voir les parties anciennes. Dans un château comme celui-ci, il y a des parties du XIXe siècle, des parties du XVIIIe siècle, mais aussi du Moyen-Âge. Nous on va pouvoir dater ces parties, et dire qu’il ne fait pas le détruire ou le masquer… Si on restaure un château sans avoir conscience des parties anciennes, on est aveugle. On va guider les architectes et les maçons. Et au passage on a l’espoir de trouver des objets qui pourront être présentés dans le musée. 

Comment faites-vous pour savoir si une pierre date du XXe ou du XVIIIe siècle ? 

Ce n’est pas la pierre en tant que telle. C’est plutôt la manière dont elle va être taillée, ou le bâtiment dans laquelle elle est employée. Mais parfois il y a des « remplois », c’est-à-dire des pierres anciennes qui sont réutilisées dans un autre bâtiment. C’est l’œil de l’archéologue, le contexte qui va permettre de dater. 

Quelle a été votre découverte la plus intéressante ici ? 

La plus grande découverte des fouilles a été cette salle voûtée, cette cave qui a été trouvée l’année dernière. Elle était complètement oubliée alors qu’elle a été bouchée il y a deux siècles. Ça a surpris tout le monde. C’est le mythe de l’Egypte, mais en Haute-Savoie. On tombe sur une salle oubliée, non pas dans une pyramide mais dans un château savoyard… 

Une fois les fouilles terminées, votre travail s’arrête-t-il ? 

A la fin des fouilles, on va tout reboucher. Ensuite on rend un rapport au ministère. C’est un gros document qui résume tout ce qu’on a trouvé. Ce rapport raconte l’histoire de cette campagne de fouille. Derrière on va faire des conférences, des articles, des livres, et valoriser ce qu’on a trouvé en lien avec les musées. Par exemple, nous avons travaillé avec les organisateurs d’une exposition sur la période romaine d’Annecy, qui commence ce printemps. 

Quels sont vos autres projets ? 

Nous avons des projets de fouilles sur un alpage à Sixt-Fer-à-Cheval. Il s’agit d’un chalet du Moyen-Âge que nous avons fouillé pendant cinq ans, un gros chantier. Une exposition est prévue à Sixt en 2021. Nous avons aussi un projet européen sur les ponts, dont le vieux pont de Cluses, qui est à côté de l’office du tourisme. On travaille sur tout le patrimoine du département : on aide les personnes ou les communes qui veulent restaurer des bâtiments : par exemple une commune qui veut restaurer son église va demander une subvention au département. Nous sommes là pour les conseiller. 

Propos recueillis par la classe de 5e3 du collège Jean-Jacques Gallay de Scionzier

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