Chez Nomoora Heuang, une boutique aux senteurs exotiques

Nomoora Heuang

Bonneville, mars 2019

Les élèves de 4E du collège ont rencontré Nomoora Heuang, réfugiée politique d’origine asiatique. Cette femme a quitté le Laos en 1981 en raison de la guerre et nous raconte sa vie à Bonneville. Propriétaire d’une boutique située sous les arcades du centre-ville, les horaires sont écrits à la fois en français et en lao.

Un article de Lou Duarte, Marjorie Ferigo, Oscar Barcq, Camille Masson, Elsa Thabuis, Karim Ayaida

En poussant la porte d’Europ Orient, une odeur inhabituelle et prononcée d’épices accueille les clients. Le magasin est sombre et les rayons sont étroits. Pâtes asiatiques, paniers de cuisson à la vapeur, petit chat porte-bonheur « Maneki-Neko », boissons à l’aloé vera, légumes et coriandre s’empilent sur les étagères surchargées «toutes sortes de produits importés de Chine, Thaïlande mais aucun du Laos» explique Nomoora. La boutique propose également des produits européens car « les clients sont de toutes origines ici. »

En effet, il y a beaucoup de laotiens à Bonneville et « je croise souvent et les membres de la communauté car ici c’est La boutique où se ravitaillent les laotiens, chinois, thaïlandais qui habitent désormais à Bonneville. »

Nomoora Heuang est petite et souriante, pourtant sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Jusqu’en 1981, elle vivait avec ses deux enfants au Laos. Cette année là, elle part dans un camp en Thailande pour fuir la guerre dans son pays. De la guerre elle n’en retient pas grand-chose, à part des souvenirs douloureux. Après quatre années passées dans ce camp de réfugiés, Nomoora, alors jeune maman, part en direction de la France à Angoulême, près de Bordeaux «je suis vite partie car il était difficile de trouver du travail». Sa famille est dispersée aux Etats-Unis, au Canada en Australie.

C’est ensuite à Bonneville qu’elle s’installe pour retrouver une partie de sa famille et notamment sa sœur qui tient à magasin de fleurs. A quelques mètres de là, Noomora décide alors d’ouvrir un magasin de produits asiatiques fin 2016. Preuve qu’elle n’oublie pas son passé. Son magasin est un voyage en lui-même. Un cadre d’un moine bouddhiste surplombe discrètement l’étagère au fond du magasin.

Passée la nostalgie du pays lors des premières années, elle s’habitue à la vie ici et retrouve sa communauté au quotidien dans sa boutique et également lors de fêtes religieuses organisées ici à Bonneville mais aussi à Lyon ou à Strasbourg. « plats laotiens, danses… ». « Ici, je me sens entourée et mes enfants sont ici en France». Ce pays offre des aides comme la sécurité sociale et il y a plus de liberté.

Quand on demande à Nomoora si elle aimerait retourner au pays, elle dit qu’elle ne retournerait pas y vivre mais il lui arrive d’aller voyager en Asie. Finalement pour elle, « la vie en France n’est pas vraiment différente qu’au Laos »

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