« Des personnes se jetaient sur le sucre et en achetaient 10, 15, 20 paquets… »

Gregory Rochaix est directeur de l’Intermarche de Bonneville situé dans le quartier des Iles. Pendant la crise sanitaire, la grande surface est restée ouverte et les caissières se sont retrouvés en première ligne. Mardi 12 janvier 2021, Maëlys, Irem et Zineb l’ont rencontré. Il leur raconte comment lui et ses employés ont vécu cette période particulière.

« On est en contact avec la clientèle donc on est au front par rapport à l’épidémie de Covid. On n’a pas le choix, donc c’est très compliqué. Pour moi chef d’entreprise, j’expose des salariés toute la journée. » Sur les 25 salariés de l’Intermarché, il y a eu différentes attitudes : l’une d’entre eux a évité les contacts dès le début. Une autre, considérée comme personne à risque, s’est déclarée en chômage partiel.

Au début, en mars 2020, la grande majorité des 25 salariés n’ont pas pris conscience de l’ampleur de la crise. «  A mon niveau, même chose. Je ne pensais pas que ça allait devenir ce que l’on a connu. »

Les caissiers au front

Les caissières et les caissiers sont déjà en première ligne, « ils ont un poste qui n’est pas évident au quotidien » mais ils ont eu encore plus de difficultés et encore plus de choses à gérer vis à vis des clients avec certains qui ne respectaient pas les distances de 1m ou 1m50 voir 2m, les clients qui ne portaient pas le masque ou ne voulaient pas le porter.

Les caissières et les caissiers font face a la frustration des clients. Lorsqu’il y a pénurie de papier toilette ou de pâtes, les clients se plaignent et râlent. Les caissiers sont donc en première ligne face à la colère des clients puisque le reste du personnel n’est pas présent.

Grégory Rochaix tire son chapeau aux caissières parce qu’ « il faut pouvoir supporter cette situation. Ce n’est pas facile.  »

Pour aider les salariés, Grégory Rochaix a décidé de verser la prime Pepa : les salariés exposés à la Covid 19 ont eu droit à une prime financière supplémentaire, financée par l’entreprise, qui pouvait atteindre jusqu’à 1000 euros.

Des réactions excessives des clients

Le directeur a aussi décidé de mettre en place des affichages pour aider les clients et leur permettre d’acheter les produits essentiels. Certains clients ont respecté tout le monde. En revanche, d’autres se sont jetés sur ces produits, notamment le sucre, les pâtes, le papier toilette, …

« Des personnes se jetaient sur le sucre et en achetaient dix, quinze, vingt paquets… »

Le directeur a donc été obligé de limiter le nombre de produits par client, fonctionnement qui n’a duré qu’un certain temps. Par ailleurs, une nouvelle problématique s’est ajoutée à la crise sanitaire : l’entrepôt de cet Intermarché a brûlé, le réapprovisionnement du magasin a été très compliqué. Les employés n’avaient plus suffisamment de temps pour mettre les produits en rayon.

« Si on avait laissé les cartons par terre, les gens se seraient directement servi dans les cartons. »

Les enseignements de la crise

Qu’est-ce que la crise lui a enseigné ? « Au niveau personnel, je m’attendais à ce que l’on soit un peu plus soudés et je n’ai pas retrouvé cela. »

J’avais déjà des responsabilités vis-à-vis de mon personnel, là j’en ai eu encore plus. Il fallait les mettre en sécurité et assurer l’approvisionnement de masques, de gel hydroalcoolique, mettre en place les gestes barrières. Ce que Grégory Rochaix a fait pour éviter le contact avec les clients ou les autres salariés, il a décalé les horaires de mise en rayon, les passant de 6h à 4h du matin. Il a aussi ouvert plus de créneaux de commande en Drive, qui a connu grand boom car beaucoup de clients ont utilisé cette façon de se faire livrer. Enfin, modification des horaires d’ouverture du magasin : ouverture dès 7h30 pour les personnes âgées et le personnel soignant afin qu’ils croisent moins de monde.

Le directeur de l’Intermarché, Grégory Rochaix, dans le stock de papier toilette du magasin.
Grégory Rochaix dans les allées de l’Intermarché, trône un stock de papier toilette, une denrée sur laquelle de nombreux clients se sont rués, au début des deux confinements.
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