Antonin Guigonnat: «C’est un honneur pour moi de montrer que le biathlon français est fort»

Trois jours avant sa compétition en coupe du monde de biathlon, Antonin Guigonnat a répondu aux questions des élèves de la classe 4e4 du collège Anthonioz-de Gaulle de Cluses. «Vous êtes les premiers, vous avez eu la priorité sur les journalistes», affirmait le champion. L’interview a eu lieu le 14 décembre par appel visio. Du 16 au 19 décembre, le Grand Bornand a accueilli la quatrième étape de la Coupe du monde de biathlon 2021-2022.


Antonin Guigonnat, vous êtes un biathlète haut-savoyard, champion du monde de relais mixte, et vous participez à la Coupe du monde de biathlon au Grand-Bornand. Comment vous sentez-vous avant la compétition?
Antonin Guigonnat: Je me sens assez bien depuis que la coupe du monde est arrivée en France. J’ai pu rentrer chez moi, cela fait du bien après avoir passé deux semaines en Suède et une en Autriche. Je rejoins le Grand-Bornand demain matin pour le premier entraînement.

Depuis combien de temps pratiquez-vous le biathlon?
J’ai commencé le ski de fond vers 9-10 ans. Le biathlon, avec une vraie carabine, c’est-à-dire avec de vrais balles et des cibles à 50 mètres, je l’ai commencé seulement à 15 ans parce qu’avant, il n’y avait pas vraiment de compétition.

Est-ce que vous pensez faire les Jeux olympiques 2022 a Pékin?
J’aimerais bien. J’ai fait les derniers JO il y a quatre ans, sauf que pour participer aux Jeux olympiques, il y a quatre places pour les Français, et actuellement je suis classé cinquième en France. Il me reste la coupe du Grand-Bornand, plus la coupe du monde en Allemagne, en janvier 2022, pour essayer de marquer le plus de points possibles et essayer d’être parmi les quatre Français qui pourront participer aux JO de Pékin. La concurrence est rude*.

L’interview d’Antonin Guigonnat a eu lieu par appel visio. © Collège Geneviève Anthonioz-de Gaulle / Cluses

Vous avez une sœur qui, comme vous, est biathlète en équipe de France. Pensez-vous qu’elle pourra intégrer l’équipe A?
Ma petite sœur Gilonne participe au circuit B de la coupe du monde de biathlon, qui s’appelle l’IBU Cup, dans lequel j’ai longtemps évolué avant de pouvoir rentrer en coupe du monde A. Elle a sept ans de moins que moi et, pour l’instant, elle a le temps de progresser. Mais je crois qu’elle sera un jour intégrée dans une coupe du monde A. Pourquoi pas cet hiver déjà?

Quel a été votre sentiment quand Martin Fourcade a arrêté sa carrière?
Quand, pour la premier fois, j’ai participé à une coupe du monde, en 2014, j’ai partagé une chambre avec lui. C’était en Norvège, et il a été super accueillant. À l’époque, c’était déjà un grand champion. Il venait de rentrer des JO de Russie avec plusieurs médailles, c’était impressionnant. Martin a apporté beaucoup au biathlon français, il était tellement fort qu’il a fait connaître la discipline dans le pays. Si beaucoup de monde regarde aujourd’hui le biathlon à la télé, c’est surtout grâce à Martin, à ses résultats et à tout ce qu’il a pu apporter à ce sport.
Quand il a arrêté, la question a été: comment va-t-on réussir à faire que le biathlon soit toujours intéressant et que la télé continue à nous suivre, même sans Martin Fourcade. Avec les autres copains, Quentin Simon, Émilien Jacquelin et Fabien Claude, on a réussi à réaliser de bons résultats. J’étais un des premiers à monter sur un podium quand Martin commençait à être moins bien. Donc quand il a arrêté sa carrière, cela a été un honneur de continuer à montrer que le biathlon français est toujours fort, même si il l’est moins sans Martin.

Et aujourd’hui, avez-vous un ou une biathlète que vous appréciez plus que les autres?
C’est assez difficile de répondre à cette question. Mais voilà, en ce moment, je dirais que la biélorusse Dzinara Alimbekava est une athlète techniquement très bien, elle tire très bien aussi avec son fusil, je pense qu’elle va être une future grande championne.

De gauche à droite: Matys, Omer, Jaden et Shahinez. Les quatre élèves ont tour à tour posé des questions au champion français de biathlon Antonin Guigonnat. © Collège Geneviève Anthonioz-de Gaulle / Cluses

Que faites-vous avant une compétition?
Je me repose. J’ai skié un peu hier matin, cet après-midi je vais faire une petite musculation très légère pour ne pas fatiguer les muscles et essayer de garder un peu de tonus. Ensuite, demain matin, je vais aller skier au Grand-Bornand, un peu moins d’une heure. Je vais surtout faire des tirs. Demain matin, j’aurai une interview avec des journalistes pour parler de la coupe du monde. Vous êtes les premiers à qui je réponds, vous avez eu la priorité. Jeudi matin, un jour avant la course, qui aura lieu vendredi, je vais faire un entraînement intensif, quasiment un tour complet de la piste pour décrasser et habituer le corps.

Et que faites-vous juste avant votre course?
Cela dépend. Par exemple, si ma course est à 15 heures, je vais manger trois heures avant, donc à midi, normal. Mais il y a des jours où on se trouve à manger du riz à 9 heures du matin parce que la compétition a lieu à 12 heures 30. Si je mange trop tard avant la course, je risque de ne pas me sentir bien pour la course. Donc, le repas doit avoir lieu trois heures avant. Parfois, la course est à 18 heures, dans ce cas, on a le temps pour sortir prendre l’air, faire un footing, vingt à trente minutes, et ensuite on peut faire pleins de truc. Ça m’arrive de jouer à la PlayStation le matin, comme ça je ne dépense pas trop d’énergie, et ça me permet de penser à autre chose et je garde ma concentration pour la course. Ensuite, il y a les réglages de la carabine à faire une heure avant la course et, de nouveau, à refaire dix minutes avant le départ. Et puis, il y a l’échauffement, quarante minutes avant la compétition. Je vais skier pendant ce temps et je fais aussi mes essais de tir.

Propos recueillis par Jaden, Matys, Omer et Shahinez
Retranscription de l’interview par Melissa et Muamer
Collège Geneviève Anthionioz-de Gaulle de Cluses

*Le 17 décembre 2021, le champion français a terminé sa course à la vingt-deuxième place.


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