« Je voyais la France comme un pays de rêve »

À Praz-Coutant (Haute-Savoie), 25 jeunes réfugiés sont accueillis dans un foyer pour mineurs non accompagnés, depuis le mois de mars.

Fin octobre, la Haute-Savoie accueillait 367 mineurs isolés, dont la grande majorité ont entre 16 et 17 ans. Dans 90% des cas, ces jeunes réfugiés sont originaires d’un pays du continent africain, selon des chiffres communiqués par le département. Au péril de leur vie, ces mineurs non accompagnés (MNA) ont traversé plusieurs pays avant de se réfugier en France.

Comme Souleymane, 17 ans. Originaire du Burkina Faso, il vit au centre d’accueil de Praz-Coutant, géré par la fondation VSHA, depuis juillet 2020. Il souhaite faire un CAP en plomberie mais, en ce moment, il travaille en maintenance. « Ma préoccupation, c’est de finaliser mes études », explique-t-il, en visioconférence. La plupart des jeunes du centre font des formations professionnelles en mécanique, plomberie, cuisine, électricité ou en maintenance des bâtiments.

Lors de l’interview, Souleymane était confiné dans le centre à cause de la pandémie de COVID-19. Là-bas, il vit dans un appartement avec plusieurs réfugiés. Mais à ses 18 ans, Souleymane devra quitter ce lieu d’accueil.

Le long voyage de Souleymane

Souleymane est parti du Burkina Faso puis il est arrivé en Libye.  Pour traverser la mer Méditerranée, lui et d’autres migrants sont montés dans un bateau. Ils étaient plus d’une centaine. De la traversée, il n’en dira pas plus. «Si je devais donner un conseil à un frère ou à un ami qui veut venir en France, je lui dirais de venir par la voie légale, pour savoir dans quoi il s’embarque. Pas comme moi qui suis venu illégalement », souffle-t-il, de l’autre côté de l’écran. Son périple a duré sept mois. « Aujourd’hui, je suis heureux parce que je continue mes études, mais je suis aussi malheureux car ma famille me manque. La vie en France n’est pas si facile mais ça va. J’imaginais la France comme un pays de rêve, mais il n’y a pas de pays parfait », poursuit-il.

Activités avec les mineurs non accompagnés du centre de Praz-Coutant (Haute-Savoie), 2020. Crédit: DR

Le centre pour mineurs non accompagnés propose diverses activités avec les éducateurs et les bénévoles : des ateliers jardinage, de dessin, mais aussi du canyoning, du bowling, de la spéléologie et même du laser game. L’activité préférée de Souleymane, c’est le football.

Des éducateurs auprès d’eux

Gwénaelle Martin travaille depuis vingt ans en tant qu’éducatrice. Elle est arrivée à l’ouverture du centre de Praz-Coutant, le 16 mars 2020, pour aider les mineurs non accompagnés, c’est-à-dire des jeunes de moins de 18 ans qui viennent d’un autre pays, sans autorité parentale.

« Mon métier consiste à les accompagner pour leurs démarches administratives pour avoir des papiers français, et pour cela , il faut qu’ils aient une scolarité, raconte Gwénaelle. Je les accompagne pour trouver une école, un apprentissage mais aussi dans leur quotidien pour qu’ils puissent apprendre à être autonome, à cuisiner, à faire le ménage  par exemple».

La majorité des jeunes du centre ont entre 15 et 18 ans maximum, car leur prise en charge par l’État français s’arrête à leur majorité.

«C’est un métier passionnant parce qu‘on rencontre beaucoup de belles personnes. On ne s’ennuie jamais mais c’est un métier parfois difficile », continue l’éducatrice. « C’est difficile par exemple quand on est arrêté par des procédures qui prennent beaucoup de temps, ou quand un jeune sort du centre à 18 ans et que, malheureusement, on n’a pas pu trouver de solutions pour la suite», raconte-t-elle.

Gwénaelle Martin

Pour surmonter les difficultés, les éducateurs font régulièrement une analyse des pratiques avec un psychologue. D’autant plus que la vie au sein de ce nouveau centre a basculé avec la pandémie de Covid-19.

Un article réalisé par Kenza, Naïs et Maxence, en classe de 5e.

Les interviews ont été réalisées à distance en raison du confinement de la population en pleine pandémie de Covid-19.

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