LA RÉTENTION DE NOTES : UNE NOUVELLE FORME DE CONTESTATION

Un nouveau mouvement de protestation contre la réforme du bac 2021, de la part des professeurs de lycées est apparu depuis mars 2019 : la rétention de notes. Un impact pour les élèves ?

La rétention des notes consiste a évaluer les élèves sans communiquer les notes à la hiérarchie et aux élèves. Les professeurs se contentent seulement de mettre des appréciations sur les copies ou des « smileys » pour certains. En revanche, dans certains lycées les professeurs préfèrent mettre des notes équivalentes à chacun des élèves soit des 20/20 soit des 0/20 avec des gros coefficients. Dans le lycée Camille Corot de Morestel en Isère (38), les enseignants ont choisi l’option de mettre seulement des appréciations et des « smileys » et donc de ne pas divulguer les notes. Au sein de cet établissement ils sont 92% à suivre ce mouvement.

En suivant cette forme de contestation, les professeurs s’opposent à la réforme Blanquer concernant le baccalauréat 2021 et espèrent pouvoir récupérer une quarantaine d’heures de cours ou conserver celles déjà mises en place cette année 2018-2019.

La réforme Blanquer consiste à supprimer les séries générales ( L, S, ES ). À présent en fin de seconde, les élèves devront choisir trois spécialités qu’ils vont suivre durant leur année de première et n’en auront plus que deux en terminale. Cependant, les séries technologiques ( STMG, STD2A, STL, STI2D, …) ne changent pas. Concernant l’épreuve du bac, 40% de la note finale sera une évaluation continue durant toute l’année sur un socle commun à toutes les spécialités; les 60% restant reposeront sur plusieurs des épreuves finales.

Cela a aussi un impact pour les professeurs, en effet le quota d’heures de cours de ces derniers est réduit de plusieurs dizaines d’heures, ce qui entraîne la suppression de plus de 2500 postes dans le secteur secondaire (collèges, lycées).

Création et la suppression de postes dans l’éducation prévues en 2019. Source : Ministère de l’Éducation National

Ce mouvement a débuté au début du second trimestre au niveau national mais en ce qui concerne le lycée de Morestel il a pris effet à partir du troisième trimestre 2018/2019, car selon les professeur cela pénalise moins les élèves car pour Parcoursup les dossiers sont déjà pré-remplis avec les bulletins du premier et deuxième trimestre seulement.

Les professeurs restent néanmoins partagés, ils n’appliquent pas tous cette rétention des notes. Cosima, professeure d’italien, applique cette forme de protestation contrairement à Jeoffrey, professeur de français qui ne l’applique pas. Selon elle, c’est un moyen de pression comme un autre qui pénalise le moins les élèves. À l’inverse, Jeoffrey est gêné de se servir des élèves pour protester, c’est l’une des raisons principales de son non-investissement au sein de ce mouvement.  Concernant la réforme, Cosima trouve que c’est une bonne idée dans le fond mais dans la forme elle est impossible a appliquer correctement.

Néanmoins, ils sont d’accord sur un point : cette rétention risque de perdurer dans le temps car les enseignants ne lâcheront pas tant qu’ils n’obtiendront pas ce qu’ils attendent. A ce jour, dans l’académie de Grenoble, madame la rectrice Fabienne Blaise a communiqué un mail à l’ensemble de l’équipe éducative qui pratique la rétention des notes, énonçant une interdiction de ne pas rentrer de notes sur les plateformes ainsi qu’une menace de probables sanctions.

De nombreux élèves contestent ce moyen de pression de la part des professeurs, car ils ne peuvent voir ou ils en sont dans leur progression malgré les appréciations mises, surtout pour les bacs blancs.

Lilou, Manon, Noélie, Zoé de la Première ES-1, Lycée Camille Corot de Morestel