Lors d’une excursion au Mont-Blanc, les classes de deuxième année du collège Valdigne Mont-Blanc de Courmayeur ont appris les comportements essentiels pour vivre la montagne à fond, et pour survivre en cas d’avalanche. Reportage.
© Davide / Mont-Blanc / 28 mars 2019
Dans un milieu montagnard comme celui de Courmayeur, village italien au pied du Mont-Blanc, la sécurité en montagne est un thème fondamental et c’est pour cela qu’on y trouve le siège de la Fondation Montagne Sûre. Installée dans les murs de la Villa Cameron, édifice prestigieux à l’embouchure du Val Ferret, elle a pour mission de développer une culture de la sécurité en montagne attentive aux exigences des populations qui habitent et fréquentent ces territoires.
Elle propose, d’une part, des parcours destinés aux jeunes, pour les sensibiliser aux activités en altitude et, d’autre part, la Fondation s’adresse aux professionnels (gardiens de refuges, pisteurs-secouristes, directeurs de pistes, accompagnateurs, guides fluviaux et moniteurs de ski), avec une attention particulière au monde des guides de haute montagne. Les enfants du village participent à des activités de sensibilisation dès leur plus jeune âge, afin de leur apprendre où et comment sortir «jouer dans leur jardin». Les classes de deuxième année du collège de Courmayeur se sont rendues au Pavillon du Mont Fréty pour une de ces activités.
Le temps était magnifique, le soleil brillait dans le ciel et la neige reflétait cette luminosité. Les uniques sons dans ce calme majestueux étaient les cris d’un aigle qui volait dans l’immensité bleue et le bruit des moteurs des téléphériques. Des skieurs passaient continuellement et leurs carres crissaient sur la neige. L’aboiement des chiens d’avalanche retentissait dans les montagnes.
Les enfants ont tout d’abord rencontré la guide Anna Torretta. Elle leur a expliqué ce qu’il faut savoir pour faire du hors piste et le fonctionnement des équipements qu’il faut porter sur soi. Elle raconte: «Pour aller faire du hors piste, il est indispensable d’avoir un détecteur Arva, une pelle et une sonde, ça peut te sauver la vie, mais l’important est de connaître les lieux et d’utiliser la tête. Sans elle, vous n’allez nulle part. C’est aussi important de savoir quel temps il a fait les jours précédents et s’il y a eu beaucoup de vent susceptible de provoquer des avalanches. La meilleure chose à faire, si on n’habite pas sur les lieux, est d’interroger les guides pour savoir si les conditions sont favorables pour skier hors piste.»
Nous lui avons demandé si elle avait eu un accident en montagne: «Oui, j’ai déjà eu un accident. J’étais avec deux clients. Pendant la matinée, il avait plu. Eux ils voulaient faire du hors piste. Nous en avons fait dans les bois. Après, ils voulaient aller faire un hors piste que je considérais dangereux. J’ai refusé. Ils ont insisté et nous nous sommes disputés. À la fin, nous n’y sommes pas allés. Quand nous sommes redescendus, nous avons appris que à l’endroit où ils voulaient aller plusieurs personnes étaient décédées…»
© Angelica / Mont-Blanc / 28 mars 2019
Ensuite, nous avons rencontré la climatologue Nathalie Durand. Elle travaille pour la Fondation Montagne Sûre au bureau Neige-Avalanches. «Au début, je pensais devenir technicien forestier, mais j’ai eu la chance de rencontrer des professeurs passionnés de nivologie qui m’ont transmis cette passion. Mon travail consiste à rédiger le bulletin neige-avalanches qui décrit le danger en montagne et qui se concentre, comme le dit son nom, sur les avalanches. La dangerosité va de 1 à 5. Chaque jour, nous recevons beaucoup de données sur la quantité et sur le type de neige, sur le terrain, sur la météo… Nous travaillons avec beaucoup de monde, comme par exemple les guides, qui nous donnent ces informations. Nous, les nivologues, essayons de les retranscrire toutes et de les regrouper dans un seul texte. Parfois, c’est très difficile parce que la quantité de données est énorme, mais il est important de toutes les enregistrer parce que le skieur doit être au courant de tout. Toutes ces informations sont archivées dans un cadastre régional public», raconte-t-elle.
«Nous faisons aussi un travail de cartographie. Sur une carte, nous dessinons toutes les avalanches tombées pendant l’hiver et, comme ça, nous pouvons essayer de comprendre où sont les endroits les plus dangereux. Normalement, pour faire tout ce travail difficile, nous sommes plusieurs, quelqu’un est spécialisé sur les cartes, un autre sur le bulletin, etc.»
© Fabio Lo Verso / Mont-Blanc / 28 mars 2019
Nous avons fait la connaissance des chiens d’avalanche, le moment fort de la journée, et discuté avec leurs maîtres, des douaniers spécialisés dans le secours en montagne, mais aussi dans la recherche des personnes disparues dans les bois et lors des tremblements de terre.
Les secouristes ont expliqué en quoi consiste leur travail, comment ils dressent les chiens, et quel type de chiens ils doivent avoir. Il y avait deux chiens, mais leurs maîtres nous ont dit qu’en Italie on en trouve une vingtaine. Ils sont dressés longtemps à chercher un jeu en tissu caché sous la neige, leur récompense. Au fur et à mesure qu’ils s’entraînent, ils associent à ce jeu l’odeur de leur maître et enfin d’une personne. Quand ils sont prêts pour leur travail, ils retrouvent la piste d’une personne sous la neige de très loin, et même si elle est enfouie sous des mètres de neige. Il peuvent ainsi avoir leur récompense et jouer avec le maître qui les félicite.
Pour nous démontrer tout cela, Daniele, un douanier, a creusé un trou et il y est entré en le refermant. Un autre douanier a libéré le chien Yuki, qui n’avait rien vu parce qu’il jouait, et il l’a incité à chercher. Le chien a posé le nez par terre et il s’est mis à humer le terrain. Il a trouvé le trou et il a commencé à creuser. Il y est entré et a sorti Daniele en le traînant par un bras. Ensuite, les douaniers ont caché un t-shirt sale sous terre, à côté d’une famille de touristes. Le chien n’a pas hésité. Il a pris le t-shirt et il l’a porté à Daniele, son maître.
À la fin de la journée, les classes du collège de Courmayeur se sont bien amusées, tout en apprenant des comportements essentiels pour vivre la montagne à fond.
LOÏC
Institution scolaire Valdigne Mont-Blanc Courmayeur
