L’ASM, dans la ville comme dans les cœurs

Célèbre pour son équipe de rugby du Top 14, l’Association sportive montferrandaise (ASM) rassemble pourtant de nombreuses sections sportives, animées par une foule de bénévoles. Rencontres avec la grande famille au cœur de l’identité du club.

Ne demandez pas à Serge, Isabelle, Xavier ou Bertrand ce que représente l’ASM pour eux. La réponse fuse comme un tir au pied qui loge le ballon entre les perches. « C’est une seule et même famille », lance Xavier, « ça a du sens », pour Bertrand, « c’est plus qu’une marque », selon Serge. A les suivre au cœur de l’ASM on découvre que c’est vraiment ça. Pour tous ceux qu’on rencontre et qui font tourner le club, le maillot se porte et se supporte au quotidien.

Serge Lequin, bénévole, nous donne rendez-vous au site de la Gauthière. « Vous connaissez Clermont Ferrand, vous verrez c’est à côté des pistes ». Ici tout le monde sait de quoi on parle. Les pistes Michelin de l’usine de Cataroux qui marque le paysage et aux pieds desquelles s’étend le site de l’ASM omnisports. Serge Lequin, bénévole, passionné et ancien de Michelin est là un peu comme chez lui. Il nous accueille le mercredi après-midi au beau milieu des enfants qui courent dans le hall et qui rejoindront l’une des quinze sections sportives du club. Ce sera notre guide, partout il ouvre des portes, serre des mains et nous on découvre l’autre facette du club plus connu pour son équipe phare qui évolue en Top 14. Avec lui on réalise que l’aventure ASM s’incarne dans des hommes passionnés. Il fait partie de l’armée de bénévoles qui s’investissent dans l’Association Sportive Montferrandaise structure qui gère trois volets : le sport de haut niveau, le sport santé à travers le programme « vitalité » et le club omnisports. « Le sport est toujours là mais le volet social et citoyen ne sont pas oubliés. Chacun doit pouvoir venir et trouver un cadre où il pourra s’épanouir », rappelle Serge Lequin.

37 nationalités, 50% de jeunes originaires des quartiers sensibles

Le succès est au rendez-vous avec 6800 adhérents et 2000 jeunes fréquentant les écoles de sport. Le discours est bien rodé, on pourrait s’attendre à du marketing mais ce serait méconnaitre tous ces hommes attachés à leur entreprise, fiers de leur ville au cœur de l’Auvergne et trempés aux valeurs d’une entreprise jamais loin. En effet Michelin n’a pas donné que du travail il a imprimé dans chacun d’eux les valeurs citoyennes d’une entreprise. « Quand on a 37 nationalités et que 50 % de nos jeunes viennent des quartiers difficiles à côté d’ici, on croit aux vertus de la mixité, du respect mutuel et de l’épanouissement de l’individu », poursuit Serge Lequin en nous présentant Isabelle animatrice multi-activités.

Dans le gymnase elle est noyée au milieu des groupes d’enfants qui s’exercent au ballon. Foot ? rugby ? basket ? On ne sait pas trop. « C’est du bumball, un sport collectif dont le but est de réceptionner une balle dans une zone adverse soit sur la poitrine ou le bas du dos. Ce sport à l’opposé des sports traditionnels, ne possède pas de règles codifiées mais nécessite de la cohésion, de la communication et de la coopération », explique Isabelle. A l’image des 250 autres animateurs elle encadre cette après-midi un groupe de 25 jeunes. Pas de performance mais là on développe la motricité et on favorise les activités multiples. « Les jeunes découvrent 7 sports, le rugby bien entendu ! Ils pourront faire un choix ensuite », explique Isabelle. Elle constitue un des maillons de la longue chaine permet au club de détecter les talents potentiels. Pour cela il faut « de la patience et avoir gardé son âme d’enfant et une bonne dose d’énergie », à en croire la jeune sportive. On la laisse entourée des enfants de 6 à 8 ans. Qui sait, peut-être parmi eux un talent qui s’épanouira stade Marcel-Michelin.

 « C’est la passion qui les guide »

Pour révéler ces futures stars l’ASM n’a pas lésiné sur les moyens. A présent Serge Lequin pousse la porte du centre de formation partagé ASM –Clermont Foot. Une infrastructure unique en France où se rencontrent deux cultures où les différences ne tiennent pas qu’à la forme du ballon. Bertrand Rioux plante le décor dès le sas d’entrée. « C’était un pari de mélanger rugbymen et footballeurs. C’est réussi. On est même bluffé par l’état d’esprit » raconte le directeur du centre.  Ici on se salut, on se sert la main et tout le monde se connaît. Bertrand veille au grain comme il veille à ses jeunes pousses. Il nous les présente alors qu’ils filent dans les couloirs entre deux séances en salle de « muscu » ou sur les terrains extérieurs. Les cinquante jeunes en formations alimentent l’équipe espoir, d’autres jouent dans l’équipe pro. C’est l’école de l’exigence et de la performance. « L’engagement de ces jeunes est total. Ils suivent un double cursus : l’entrainement et une formation scolaire. C’est un passage de 2 ou 3 ans qui ouvre les ports de la vie professionnelle », souligne Bertrand. « On les accompagne, on soutient », rajoute-t-il.

Salle de musculation dub centre de formation partagée de l’ASM @Lycée Nature et Forêt

Et pour réussir un tel passage l’ASM n’a pas hésité. Le centre des Gravanches qui s’étend sur 1800 m² est doté pour le haut niveau avec une salle de musculation de 600m² et une équipe de 21 permanents qui encadrent chaque jour les Espoirs. Bertrand Rioux le reconnait : « J’ai la chance de venir travailler dans un centre unique en France. Là c’est la passion qui guide ». Bertrand Rioux est ce qu’on pourrait appeler un produit maison. Ancien rugbyman, passé par la formation STAPS il devient professeur de sport puis s’implique dans l’aventure ASM. Aujourd’hui il distille un esprit tourné vers la compétition avec l’esprit « de père de famille ».

Une armée au service du haut niveau

On l’aura compris l’ASM c’est d’abord une communauté soudée autour d’une marque et d’un esprit. Xavier Labaune directeur du club omnisports est à la tête d’un paquebot à l’équipage composite. « L’association à la tête de tout ça ce sont d’abord des bénévoles au nombre de 6800 qui viennent de l’entreprise Michelin. A côté il y a une vingtaine de salariés et 160 éducateurs sportifs qui représentent 75 équivalents temps -plein. Bien évidemment on ne motive pas tout le monde de la même façon mais les fondamentaux et l’ADN du club sont là, ancrés dans la pratique quotidienne ». Quand il égraine les chiffres, le tournis vous gagne : trois à 400 personnes de 15 mois à 92 ans passent quotidiennement sur l’un des trois sites.

Rencontre à présent avec Sylvain gestionnaire des infrastructures. Pour gérer ces équipements toujours à la pointe il faut un homme plein de méthode et d’un calme incroyable. Sylvain c’est un peu l’homme à tout réparé ici. Du minibus pour les déplacements à la construction du centre de formation des Gravanches rien de ce qui doit être entretenu ou réparé ne lui échappe. Chef de projet c’est, vous l’aurez deviné, un autre transfuge de l’entreprise Michelin. « Le nom ASM est porteur ici et bien évidemment l’étiquette facilite grandement les choses »,  tient-il à rappeler. Avec cette arme imparable à charge pour lui de mener les investissements pour mettre à disposition des sportifs les meilleurs équipements. Le site des Gravanches c’est un peu son bébé. Projet réussi avec un équipement unique en France et collant aux aspirations du club. « Notre vision est à 5 ans avec le souci de répondre aux demandes du club et de toujours monter en gamme».

Nicolas Borel-Durand, Gaël Coiffet, Tristan Issard, Julien Richagneux, Robin Tozca, Clément Yvrard