Le parc de l’abbé Henry, un poumon vert peu frequenté

Il reste bien peu aujourd’hui du «Jardin d’Henry», qui s’étendait sur 1200 mètres carrés.
Ce coin de paix, que peu de gens connaissent, a reçu la visite d’élèves sensibles à l’environnement.


Le parc de l’abbé Henry est un coin de paix à Plan Gorret, au dessus du village de Courmayeur. En effet, très peu de gens le connaissent et encore moins le fréquentent. Et c’est dommage, car en quelques hectares de forêt, on trouve différentes variétés de plantes. Né comme jardin, le parc aurait dû être, dans l’idée de son fondateur, l’abbé Henry, enfant du village et homme éclectique, passionné de botanique, «le complément du Jardin Chanousia du Petit Saint Bernard, pour les plantes qui croissent entre 1000 et 2000 mètres». Grâce à son travail, le jardin arriva à comprendre six cents espèces, tant autochtones qu’exotiques.
Une cristalline matinée de février, avec un beau soleil et une température agréable, c’est ce qu’il y a de mieux pour observer ce lieu amène. Les élèves des classes de deuxième du collège de Courmayeur se rassemblent à l’entrée de ce poumon vert, qui se situe exactement en face du restaurant Chalet du Plan Gorret.

Le restarurant Chalet du Plan Gorret, et un élève photographe. Photo © Tommaso 2B / 21 février 2020


Le jardin et le restaurant ont une histoire commune, comme le raconte l’entreprenant abbé Henry: «Le guide Fabien Croux venait de faire construire dans la forêt de mélèzes du Plan-Gorret un petit chalet restaurant. L’eau y était déjà amené et au dessus du jeu de boules, à vingt pas du chalet s’ouvre une clairière, sur un terrain communal qui me fut vite cédé et, le 18 juillet 1899, j’y donnais mon premier coup de pioche et j’inaugurais la série de plantations par la Véronica Spicata

Des élèves ramassent des déchets dans le parc. Photo © Adam 2A / 21 février 2020


La charge de curé de Valpelline, dans la Comba Freide, tenait souvent l’abbé Henry loin de son jardin, mais il fut aidé: «Je dois témoigner toute ma reconnaissance à M. Croux Fabien qui veut bien arroser le jardin et faire les honneurs aux visiteurs…, c’est un avantage inappréciable d’être à côté d’un petit chalet restaurant dont le propriétaire veille sans cesse sur lui.» Celle qui jadis fut une clairière s’est transformée en un bois parsemé et les élèves se promènent sur une fine couche de neige gelée qui craque sous leur poids. Ils sont surpris de découvrir les empreintes de renard, lièvre, chevreuil et de chien… ou, peut-être, de loup, vu qu’il a élu domicile dans les bois aux alentours.

Dans le parc de l’abbé Henry, on trouve différentes variétés d’espèces tant autochtones qu’exotiques, le troène, le prunelier, l’églantier, l’aubépine, le chèvrefeuille. Photo © Gaia 2B / 21 février 2020


Il y a des tables et des bancs pour pique-niquer, parfois recouverts d’aiguilles de mélèze ou de feuilles sèches. Ce n’est pas difficile d’imaginer un voyageur du début du XXe siècle assis dans ce petit coin de paradis en train d’écrire. «Une table avec un banc permettra aussi aux visiteurs de dater leurs correspondances du Jardin du Plan-Gorret», disait l’abbé
Les arbres que les élèves observent sont très différents et en moyenne très hauts. Certains ont une étiquette à leur base, qui en indique le type et les caractéristiques. On découvre un douglasia, bientôt centenaire, qui a été classé arbre monumental, et certaines espèces exotiques. Aujourd’hui, du «Jardin d’Henry», qui s’étendait autrefois sur 1 200 mètres carrés environ, il reste bien peu, mais certains arbustes plantés sur le côté latéral existent encore et les étiquettes permettent de reconnaître les espèces: le troène, le prunellier, l’églantier commun, le rosier pimprenelle, l’aubépine, le lantana, le chèvrefeuille.

Une étiquette indiquant un arbre de l’Himalaya. Photos © Tommaso 2B / 21 février 2020


En 1987, à l’occasion de l’exposition organisée pour le quarantenaire anniversaire de la mort de l’abbé Henry, l’espace, alors abandonné, fut nettoyé et clôturé sous la direction du Corps Forestier Valdôtain, les espèces étrangères présentes sur le terrain furent identifiées par les étiquettes. Cependant, la clôture a englobé une aire plus vaste, d’une superficie supérieure à 13 000 m2, donnant vie à un bois complexe qui possède les caractéristiques d’un parc.
Ce que les élèves découvrent ce n’est plus le jardin, mais le parc de l’abbé Henry. Il n’y a plus de casiers et de platebandes pour les fleurs, mais on trouve quand même les traces de ce que fut l’espoir de son fondateur: «Mon jardin, ayant pour but surtout de vulgariser la connaissance des plantes.» Un espace agrémenté par le plaisir du silence, interrompu parfois par le pépiement des oiseaux. Le parfum des pommes de pin, l’odeur de la mousse, du sous-bois humide, remplit l’air et libère les narines. En ces temps-ci, ce n’est déjà pas mal!

ANAÏS L. Classe 2B
Institution scolaire Valdigne Mont-Blanc Courmayeur

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