Zéro-déchets à Lyon, une utopie urbaine ?

Depuis quelques années les grandes métropoles mondiales s’affairent à mettre en place de nouveaux moyens pour garantir un développement durable sur la question des déchets. A Lyon, de nouvelles initiatives écologiques voient le jour. Des Lyonnais passent à l’action pour faire avancer leur métropole et proposer de nouveaux modes de vie plus soucieux de l’environnement.

Pour garantir un avenir durable pour la gestion de leurs déchets. Acteur économique, l’épicerie « À la Source » située dans le 3ème arrondissement de Lyon privilégie les circuits courts pour minimiser l’impact sur l’environnement. Elle propose une alternative dans la manière de consommer : produits en vrac, en liquide ou à la coupe, et choisit de réduire les déchets à la source. C’est ce que nous explique Aneta Sidor, créatrice et gérante de cette entreprise.


L’épicerie vrac « À la Source » est l’exemple-type d’une épicerie novatrice et militante à Lyon. ©Lycia CHANTRY

Agir à l’échelle citoyenne : un défi impossible à relever ?

De nombreuses associations font évoluer les mentalités et les pratiques sur la question du zéro-déchets et participent activement au changement. Étant souvent à but non lucratif, ces structures sont pour la plupart fondées sur l’investissement de bénévoles.

Elles peuvent proposer des outils de communication, de formation pour apporter des solutions concrètes, sans qu’il soit nécessaire de dépenser beaucoup d’argent, parfois même gratuitement.

C’est le cas du blog “Famille Zéro-déchet”, géré par Jérémie Pichon et Bénédicte Moret dont le slogan est “Osez le mode de vie durable qui fait du bien”. Le blog informe sur les manières de gérer et réduire ses déchets avec des nouveautés, avec des articles, des dates de conférences, des liens sur les réseaux.

D’autres associations vont plus loin en proposant de nombreuses idées pour gérer les déchets, recycler des appareils électroniques, mettre en place le lombricompostage… C’est le cas notamment de l’association Zéro-Déchets à la Maison de l’Économie circulaire (MEC) à la Croix-Rousse qui propose de nombreux rendez-vous comme les “apéros zéro-déchets”, des campagnes de sensibilisation ou encore des ateliers “Tout faire soi-même”. Ils encouragent même à démarcher les commerçants pour faire valoir le zéro-déchet.

Ce livre propose au lecteur de nombreux conseils pour une mode de vie basé sur le zéro-déchets ©Cyprien BATISSE.

 

Mais de façon plus quotidienne, la COP21, tenue à Paris en mai 2015 a communiqué plusieurs recommandations pour réduire les déchets dans la vie de tous les jours. Organisées en dix points, les particuliers sont invités par exemple à proscrire les produits jetables, opter pour des produits réutilisables, réduire sa consommation de papier, réutiliser ses déchets de jardin ou encore bien gérer les déchets à risque.

L’objectif pour les gouvernements mondiaux est donc d’aider la population à réduire par elle-même ses déchets.

Et puis, les citoyens se tournent de plus en plus vers les épiceries vrac qui propose une réelle alternative aux supermarchés. C’est le cas de cette cliente lyonnaise que nous avons rencontrée à l’épicerie “A la Source”. Elle a décidé de se diriger peu à peu vers ce genre de nouveaux commerces après un vrai ras-le-bol de la consommation traditionnelle.


Interview avec une cliente de l’épicerie « A la Source » qui a décidé de se tourner peu à peu vers le zéro-déchets. ©Noémie FRANCE

Associations et entreprises, peuvent-elles réellement faire bouger les choses ?

Comment les associations qui tentent de mettre en lumière cette idée du zéro déchet, peuvent-elles agir puisqu’elles sont sans but lucratif et pour la plupart fondées sur l’investissement de bénévoles en charge des projets ? Les associations, comme Zéro-Déchet possède un site internet qui informe des nouveautés, avec des articles, les dates des conférences, ou les retrouver sur les réseaux et de nombreuses astuces pour réduire et gérer ses déchets.

Ces associations proposent une multitudes d’idées pour gérer les déchets. par exemple de recycler des appareils électroniques, le lombricompostage… c’est le cas, de l’association zéro-déchet à la Maison de l’Économie circulaire (MEC) à Lyon Croix-rousse dans le 5ème arrondissement.

Une entreprise en premier lieu militante peut-elle fonctionner sur le plan financier ? Dans un sens, oui. Preuve à l’appui, plusieurs épiceries vrac et zéro-déchets éclosent à Lyon. C’est le cas de l’épicerie « A la Source », mais aussi de beaucoup d’autres comme Bulko dans le 1er arrondissement (3 quai Jean Moulin, 69001), ou encore Day by Day dans le 2nd (48 rue Franklin, 69002). Ce développement croissant d’entreprises militantes montre bien qu’engagement citoyen et profit peuvent être compatibles.

Mais, d’un autre côté, il n’est pas aussi simple de jouer ainsi sur deux plans. Comme nous l’a confié Aneta Sidor de l’épicerie “A la Source”, parfois les gains financiers sont maigres au lancement de l’entreprise. L’investissement est fort et le rendu mince ; mais tous ces militants espèrent bien que la situation va changer : ils continuent malgré tout de persévérer.

 

Devanture de l’épicerie “A la source” : cette épicerie propose la vente de tout type de produits avec pour objectif une production locale et zéro-déchets avec des valeurs comme “bio”, “local” ou encore “circuit court”. ©Emma-Lise NIYONZIMA

Et la métropole dans tout ça ?

Les citoyens, associations et entreprises ne sont pas les seuls à lutter en faveur du zéro-déchets à Lyon. De nombreuses actions sont menées par la métropole dans une tout autre échelle. Par exemple, dès juillet 2017, le Grand Lyon a lancé un appel à manifestations d’intérêt “Économie circulaire, zéro gaspillage”. Cet appel avait pour but de soutenir différents projets pour stimuler l’économie circulaire à Lyon afin de réduire la quantité de déchets produite sans entacher le développement économique. Elle proposait par exemple de financer les projets à hauteur de 15 000€ maximum, de procurer des matières premières et des locaux ou encore de mettre à disposition des données publiques ou privées. Tout projet peut être accepté, du moment qu’il a une dimension environnementale forte (il doit réduire des déchets ou en réorienter vers un traitement plus respectueux de l’environnement) et également économique (il doit alors maintenir ou même créer des emplois durables dans la métropole).

Un autre exemple de la politique de valorisation des déchets à Lyon, la collecte des sapins de Noël après les fêtes de fin 2017. Entre le 3 et le 17 janvier, vous auriez pu déposer votre sapin de Noël qui a occupé votre salon tout le mois de décembre dans l’une des 19 déchetteries ou l’un des 171 points de collecte dans tout le Grand Lyon. Cette action avait pour but de lutter non seulement contre le dépôt sauvage des déchets dans la ville mais surtout de valoriser ces déchets organiques dans l’un des deux centres de compostage du territoire.

Collecte des sapins de Noël rue Trarieux (69003) – La Métropole de Lyon a placé, dans 19 déchetteries et 171 lieux, des points de collecte de sapins de Noël qui seront transformés en engrais, copeaux de bois… ©Cyprien BATISSE

Bien que ces actions de la métropole en faveur du zéro-déchet existent,  l’engagement de Lyon sur cette question pourrait paraître un peu utopique. En effet, en creusant un peu, de nombreuses limites à un changement de grande échelle se présentent. Par exemple, le choix de l’incinération des déchets reste la première solution de traitement des déchets à Lyon, l’entreprise Pizzorno en charge de la collecte « classique » des déchets renouvelle son contrat pour 4 ans. Malgré des véhicules qui réduisent progressivement leurs émissions de CO², ce renouvellement pose donc la question du véritable changement au sein de la métropole.

Enfin, Lyon n’est pas vraiment un modèle face aux autres métropoles. Alors que Paris offre à ses habitants des lombricomposteurs et que Grenoble propose des formations au lombricompostage ainsi que la vente de bacs de composteurs, Lyon malgré quelques actions isolées ne mène pas d’actions majeures dans le développement du zéro-déchets pour la métropole.

 

BATISSE Cyprien, NIYONZIMA Emma-Lise, FRANCE Noémie, MBOYO-EKINDA Divine, CHANTRY Lycia.

Crédit photo d’ouverture : ©Emma-Lise NIYONZIMA